Shania Twain chantait depuis un bon 45 minutes déjà au Centre Bell lorsqu’elle s’est avancée seule au micro, guitare en bandoulière, racontant qu’elle avait été initiée à la musique country par ses grands-parents et qu’elle avait commencé à composer seule dans une petite cabane perdue dans le bois. Puis, elle a entonné les premières phrases de Whose Bed Have Your Boots Been Under ? d’un ton doux, presque résigné.

Ça n’a duré qu’un instant. « Je me suis demandé ce que ça donnerait avec un rythme plus rapide », a-t-elle lancé, avant de reprendre le même morceau dans la version que l’on connaît, accompagnée de son groupe. Avec cette énergie pop qui renverse la perspective et redonne le pouvoir à la femme qui, dans la chanson, est trompée par son cowboy.

L’essence de Shania Twain, c’est ça : une chanteuse qui a fait exploser les codes de la pop et de la musique country en se plaçant en position de pouvoir. That Don’t Impress Me Much, (If You’re Not in It for Love) I’m Outta Here ! et plusieurs autres des chansons qu’elle a chantées mercredi au Centre Bell évoquent cette forme d’empuissancement.

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Shania Twain semble bel et bien remise de ses problèmes de santé et de ses incartades pop du début des années 2000.

Sa tournée, comme son plus récent disque, s’intitule d’ailleurs Queen of Me, et c’est ce dont elle avait l’air sur scène : d’une chanteuse en voix et en pleine possession de ses moyens.

Shania Twain semble bel et bien remise de ses problèmes de santé et de ses incartades pop du début des années 2000. La dernière fois que l’auteur de ces lignes avait vu la reine canadienne du country en spectacle, il y a 20 ans au Centre Bell, elle venait de publier son album Up ! et avait donné un concert fort décevant marqué par une pulsation pop assourdissante, passant son temps à serrer des mains tout en arpentant une scène centrale circulaire à plusieurs paliers.

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Shania Twain au Centre Bell

Country pétillant

Mercredi, à l’occasion de son deuxième passage à Montréal en moins de six mois, on a renoué avec la musicienne et la chanteuse country. Elle a transformé le Centre Bell en saloon, ressortant des morceaux anciens comme Any Man of Mine – avec les violons –, mais aussi ses grands succès pop du milieu des années 1990 Man ! I Feel Like a Woman !, You’re Still the One, I’m Gonna Getcha Good ! et quelques extraits de son plus récent album, dont Waking Up Dreaming et Pretty Liar.

Shania Twain semblait d’une humeur particulièrement joueuse, invitant la foule à chanter et à danser avec elle. On retrouvait chez elle ce côté pétillant qui la distinguait déjà il y a 30 ans dans l’univers encore très conventionnel et codifié de la musique country. Très franchement, on n’a pas saisi la thématique spatiale d’une partie des animations ni le costume de Wonder Woman doré qu’elle a porté pendant l’essentiel de son spectacle, mais ça n’avait pas une grande importance : Shania Twain – qui s’est surtout exprimée en français – a charmé tout le monde.

Talk se démarque

Il est rare qu’un artiste qui se produit en première partie d’un spectacle suscite une réaction dépassant l’enthousiasme poli. Talk, pourtant, a facilement entraîné la foule dans son jeu avec son pop-rock d’aréna aux accents des années 1980. Sa voix puissante et ses refrains accrocheurs ont aisément rempli l’amphithéâtre, suscitant une réponse si enthousiaste de l’auditoire – pendant Run Away to Mars notamment, dont la foule a entonné le refrain – qu’on a presque eu l’impression que le public était là pour lui. En voilà un qui s’est fait de nouveaux amis à Montréal.