Vous avez toujours trouvé qu’il manquait de funk et de free jazz dans votre Black Sabbath ? Ceci est Population II, livré pour vous.

« Des fois j’pars/Là j’pense ben fort/J’médite », chante le batteur de Population II, Pierre-Luc Gratton, dans Beau baptême. Pas besoin de se forcer, pourtant, pour être emporté pour les méditations psychédélico-astrales du deuxième album du trio, Électrons libres du Québec.

Avec À la Ô Terre, son prédécesseur, Population II révélait une musique explosive où la fougue hirsute du rock garage carburait aux moyens et aux ambitions du jazz libre, bien que sans toujours parvenir à traduire l’ensorcellement que provoque la formation en spectacle, des moments de transe durant lesquels il fait bon se noyer dans le bruit.

En clair : Population II était déjà le meilleur groupe de rock sur scène à Montréal, mais ne l’était pas encore sur disque. Ce qui est maintenant chose faite.

De retour avec Emmanuel Éthier à la réalisation, Population II pige dans le space rock (C’t'au boute), le psych rock et le stoner rock, dans le hardcore (Tô Kébec), le funk sale et le free jazz. Si bien que par moments, c’est comme si les patibulaires garnements de Black Sabbath période Master of Reality (Orlando) étaient entrés en studio sous la gouverne du premier ministre du groove George Clinton ou du jazzman interstellaire Sun Ra, avec Jimmy Hunt aux textes gouailleurs et cryptiques.

Alors que la basse de Sébastien Provençal devient souvent la locomotive de ces séjours sur la planète de l’hypnose, la batterie œuvre en finesse, Gratton étant davantage un coloriste qu’un bourrin. Tristan Lacombe demeure incontestablement le héros de cette équipée et crache de sa guitare des constellations de distorsions, son jeu véloce ne perdant jamais de vue qu’il vaut mieux envoûter qu’en jeter.

« À minuit, tard au soir, tout semble éternel », murmure Pierre-Luc dans Rapaillé, et il en va de même de l’enivrant effet que produit son groupe qui, lorsqu’il ouvre les écoutilles de ses amplis pour mieux partir en vrille, parvient à oblitérer toute réalité dans la souveraine éternité du fuzz.

Comme disait l’autre : vive le rock québécois libre !

Extrait d’Orlando

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Électrons libres du Québec

Rock psychédélique

Électrons libres du Québec

Population II

Bonsound

8/10