(Humlebæk) La première exposition retraçant l’œuvre du groupe punk féministe Pussy Riot a ouvert mercredi dans un musée d’art moderne danois, le Louisiana, en présence de quatre membres du collectif russe.

Réalisée sous la houlette de Maria Aliokhina, membre du groupe depuis 2011, la rétrospective, qui rassemble photos et vidéos accompagnés de nombreux textes et dessins explicatifs, avait été partiellement présentée dans une galerie d’art de Reykjavik à l’automne dernier.

Approchée par un artiste islandais, Ragnar Kjartansson, et le musée danois, la jeune femme a ensuite « commencé à rassembler des œuvres pour montrer de plus et plus d’actions, qui sont pour la plupart inconnues en Occident », a-t-elle expliqué à l’AFP.

Trois autres membres du collectif féministe, très critique du régime de Vladimir Poutine et mobilisé contre la guerre en Ukraine, étaient présentes lors de l’inauguration de l’exposition dans le célèbre musée, connu pour ses prises de positions politiques.

« Salman Rushdie est réapparu ici pour la première fois en 1992, après la fatwa. Dans les années 80, nous avons organisé de nombreuses expositions sur la Russie, la perestroïka et les droits de l’Homme », a rappelé son directeur Poul Erik Tøjner.

« Cette institution a donc un certain pouvoir lorsqu’il s’agit de montrer ce genre de choses, de les raconter ».

Pour Mme Aliokhina, « si les gens lisent ce que j’ai écrit (le long de l’exposition), ils comprendront beaucoup mieux ce qui se passe, ce qui s’est passé et ce qui se passe maintenant ».

« Ils verront tout le chemin de notre pays vers l’enfer », a-t-elle souligné.

Les Pussy Riot sont devenues célèbres après une performance jugée scandaleuse à la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou en 2012. De jeunes femmes y ont chanté une « prière » punk demandant à la vierge Marie de « chasser » Vladimir Poutine.

Trois d’entre elles, dont Maria Aliokhina, ont été condamnées pour des actes jugés blasphématoires à des peines de deux ans de détention dans un camp. Mme Aliokhina a été libérée en décembre 2013.

Depuis, le groupe n’a cessé de dénoncer « le totalitarisme » en Russie à travers différentes performances artistiques présentées au cours de l’exposition.

En septembre 2021, Mme Aliokhina a été condamnée à un an de « restrictions » à sa liberté pour avoir appelé à manifester contre l’arrestation du principal opposant russe Alexeï Navalny.

La justice russe a ensuite durci ces mesures, les convertissant en peine de prison ferme, ce qui a amené la jeune femme à quitter Moscou, déguisée en livreuse de repas.

L’exposition est présentée au Danemark jusqu’au 14 janvier 2024 avant de poursuivre à Montréal, Munich et Vancouver.