(Toronto) Les funérailles du producteur et compositeur Denis LePage seront célébrées le 4 septembre prochain. Il est mort lundi dernier d’un cancer généralisé.

Producteur de musique disco, LePage avait le don d’attirer les fêtards sur la piste de danse. Il était au cœur de la vie nocturne trépidante de Montréal dans les années 1980 et ses talents de musicien étaient incomparables.

Grâce à un flot de succès au palmarès Billboard, Denis LePage a contribué à définir l’ère des discothèques canadiennes en formant le duo Lime avec sa femme Denyse.

Au début des années 2010, il s’était identifié comme non binaire et avait pris le nom de Nini Nobless.

Bien que Denis LePage ne soit pas vraiment un nom connu, le son des synthétiseurs de LePage a fait des chansons de Lime parmi les préférées des clubs de danse du monde entier. Il a notamment composé la chanson Dancin’the Night Away en 1981, encore entendue sur les pistes de danse aujourd’hui.

« C’était un génie », affirme d’emblée Claude Chalifoux, copropriétaire du Lime Light, une discothèque légendaire de Montréal qui a régulièrement joué la musique de Lime. « Toute la musique de Denis a été un succès retentissant. Les gens sont devenus fous quand ils jouaient Your LoveYou’re My Magician et Guilty. »

Des années avant ces favoris du disco électronique, LePage poursuivait déjà une carrière musicale.

À l’adolescence, il se retrouve dans le groupe The Persuaders et au milieu des années 1970, il forme le groupe de jazz-fusion Le Pouls avec son épouse d’alors Denyse LePage, une auteure-compositrice-interprète également.

Quelques années plus tard, LePage obtient son premier succès avec le simple funky de 1979 The Break, sorti sous le nom de Kat Mandu. La chanson s’est hissée à la troisième place du palmarès américain Billboard.

Le succès a mis du vent dans les voiles du deuxième projet de LePage avec Denyse, qui a pris la vague de la révolution des synthétiseurs balayant l’industrie.

Inspiré par les sons de Giorgio Moroder et Kraftwerk, le duo LePage avait enregistré un projet électro-disco.

Le club Lime Light, une discothèque du centre-ville de Montréal qui accueillait aussi bien les gais que les hétéros, s’est avéré un endroit qui a beaucoup inspiré Denis LePage et où sa musique était jouée régulièrement. Et donc une version abrégée du nom du club a collé au couple.

Ouvert en 1973, le lieu a commencé à accueillir une clientèle avant-gardiste quatre ans avant que le Studio 54 de New York ne s’adresse à une foule similaire.

Lorsque le DJ Michel Simard a joué le premier simple de Lime en 1981, Your Love, pour la première fois, il était immédiatement convaincu d’avoir un succès entre les mains, se souvient M. Chalifoux.

Alors que le duo disco discutait avec Michel Simard, il est devenu évident qu’ils étaient en quelque sorte connectés à la salle d’une manière spéciale.

Une nuit au Lime Light est rapidement devenue synonyme d’entendre les succès de Lime sur les chaînes de son sur l’un des deux niveaux de pistes de danse de la salle.

À la fin de 1981, « Your Love » s’était propagé au-delà des frontières du Canada et avait atterri au sommet du palmarès américain Billboard Hot Dance Club Play pendant une semaine.

Lime a livré un autre succès en 1982 « Babe, We’re Gonna Love Tonight », qui a atteint la sixième place du palmarès.

Le duo a continué à faire de la musique sous le nom de Lime dans les années 1990, bien que des amis ont raconté que des problèmes financiers ont conduit LePage à vendre des droits d’auteur à Unidisc, une maison de disques montréalaise spécialisée dans les sons de l’époque.

« La relation de mes parents n’a pas été facile », a déclaré Claudine LePage, l’enfant du couple.

« Ils ont continué à faire de la musique ensemble, puis mon père a continué à produire de la musique avec d’autres chanteurs ».

Vers le début des années 2010, LePage a commencé à s’identifier publiquement en tant que femme, prenant le nom de Nini Nobless et enregistrant du nouveau matériel. La musique a eu du mal à trouver un public pour diverses raisons.

« J’ai senti que les gens n’aimaient pas que Denis passe d’un homme à une femme, a déclaré M. Chalifoux. Sa musique était bonne, il avait la même voix que lorsqu’il chantait avec Lime, ce n’était qu’un changement physique… (mais) le son était trop des années 1980. »

Pourtant, le son de Lime a résonné dans les cercles contemporains avec l’aide d’Unidisc. La propriété du catalogue de Lime a permis à la maison de disque de rééditer et de retravailler des enregistrements antérieurs.

Au cours des dernières années, il a notamment recruté les producteurs de danse canadiens Jacques Greene et Tiga pour produire des remixes des classiques du duo.

Francis Cucuzzella, qui gère les relations avec les artistes à Unidisc, a déclaré qu’un documentaire sur Lime avait été réalisé en coopération avec le regretté Denis LePage. Alors que le projet est maintenant dans les limbes, il espère qu’il sera un jour terminé et publié.