La pluie n’a pas refroidi les amateurs de musique country, qui étaient massés par milliers dès la fin de l’après-midi pour se gaver les oreilles en attendant la tête d’affiche de la deuxième journée de LASSO, Chris Stapleton. Le jeune festival a attiré plus de 50 000 personnes en deux jours au parc Jean-Drapeau. La conclusion s’impose d’elle-même : cet évènement est là pour de bon.
Ce n’est pas pour rien que Chris Stapleton se produisait le dernier, samedi, à LASSO. Il ne lui a fallu qu’une seule chanson, White Horse, qui a lancé son tour de piste, pour montrer l’évidence : il dominait tout le monde d’au moins une tête. Ce n’était pas une question d’attitude, plutôt une affaire de son et de voix. D’âme, en fait.
LASSO offre de la diversité, mais il faut aussi dire les choses comme elles sont : une partie de la programmation mise sur du country pop assez générique. Il y a un monde entre les Brothers Osborne, dont le country rock est assez quelconque, et l’univers musical de Chris Stapleton, nourri au Southern rock et au blues, puis propulsé par un sens du groove et une voix pleine de soul qui n’avait aucune peine à se rendre au cœur des spectateurs les plus éloignés de la scène.
Le cowboy barbu n’a pas été très jasant, mais il avait prévenu son public : « On va jouer autant de chansons qu’on peut pendant le temps qu’on a », a-t-il lancé tôt au cours de sa prestation. Après White Horse, en ouverture, il a tout de suite livré l’une de ses grosses chansons, Parachute, qui a emballé la foule. Détail qui ne gâchait rien, la pluie avait cessé juste avant que Stapleton n’entre en scène.
Il y a chez lui quelque chose qui frise la perfection. Mélodiste impeccable, guitariste éloquent, chanteur puissant, il n’a pas besoin de souligner quoi que ce soit pour s’imposer. La communion entre lui et la foule se fait instantanément, comme on a pu le constater durant You Should Probably Leave ou, mieux encore, Fire Away, jouée vers la fin de sa prestation.
Il a clôturé de manière à la fois simple et spectaculaire cette deuxième édition de LASSO. Avec quoi ? Tennessee Whiskey, hymne country blues que le parc Jean-Drapeau au grand complet a chanté avec lui.
Elle King se démarque
En début de soirée, après une prestation très appréciée de Warren Zeiders (à qui une spectatrice offrait son numéro de téléphone sur une pancarte grand format), Morgan Wade a fait son entrée sur scène. En un peu moins d’une heure, l’interprète de Wilder Days n’a pas beaucoup impressionné. Elle a enfilé ses chansons sur un mode proche du pilote automatique, sans presque s’adresser à la foule pourtant réceptive. Sa belle voix rauque n’a pas suffi à faire lever ses morceaux trop formatés pour se démarquer vraiment.
Ce fut tout le contraire avec Elle King. « Je ne suis pas fâchée contre la météo. Et vous ? », a-t-elle lancé à la foule avant d’entonner un premier morceau. Charismatique et joueuse, elle a séduit avec ses chansons nourries au rock vintage, teintées d’un peu de R & B et de blues, parfois habitées par un je ne sais quoi de menaçant dans les guitares. Sa voix qui craque, son air insolent et sa présence sur scène très physique ont aisément conquis la foule, même si la pluie s’est faite plus forte pendant la petite heure qu’elle a passée sur la scène Prairie.
Avant que Chris Stapleton ne monte finalement sur scène, on a aussi eu droit à Dean Brody, originaire de Colombie-Britannique, et aux Brothers Osborne. Le tandem formé de John et T. J. Osborne semblait le groupe indiqué pour mettre la table pour la vedette de la soirée. L’un et l’autre ont en effet un penchant pour le country trempé dans le rock. Or, même si les frangins n’ont pas ménagé leurs efforts, ils ont fait pâle figure en comparaison de leur compatriote à la barbe hirsute.