Une seconde intégrale des sonates de la Française Hélène de Montgeroult jette une lumière nouvelle sur une œuvre qui ne demande qu’à être jouée davantage.

Hélène de Montgeroult (1764-1836) de Nervo, de son nom de jeune fille est une des compositrices dont le nom est ressorti dans les dernières années à la faveur du mouvement actuel de valorisation des artistes issus de groupes historiquement marginalisés. Pas que cette comtesse ait été oubliée : elle est restée dans les annales pour avoir été sauvée de la Terreur grâce à son talent déjà notoire à l’époque, qui lui vaudra d’être engagée dès l’ouverture du Conservatoire avec, fait rare, un traitement salarial égal à celui de ses collègues masculins. Elle tenait également un des plus importants salons musicaux de son temps.

Élève de Clementi et de Dussek pour le piano, et du légendaire Antoine Reicha pour l’écriture, de Montgeroult acquiert un métier (écriture pianistique, harmonie, contrepoint…) qui n’a rien à envier à bien des compositeurs de l’époque. Ses partitions pour piano, notamment son célèbre recueil d’études, loué par Antoine-François Marmontel, futur professeur de Bizet et de Debussy, montrent une connaissance intime du clavier.

En deux, trois ou quatre mouvements, ses sonates, d’une exécution souvent assez exigeante, font la synthèse du XVIIIsiècle musical (Bach, Haendel, Mozart…), tout en témoignant d’un certain préromantisme. On n’atteint certes pas la grandeur des sonates de Mozart ou de Haydn, mais les thèmes sont toujours bien découpés, le traitement formel assuré et les climats habilement évocateurs, le tout enveloppé d’un remarquable sens du chant.

Ses neuf sonates, en trois groupes de trois, ont été publiées entre 1795 et 1807 et ne sont pas moins intéressantes que celles de Clementi qui, pour leur part, ont déjà été l’objet de nombreux disques. Le premier enregistrement intégral des sonates de Montgeroult a été réalisé en 2021 par le Français Nicolas Horvath sur un Steinway moderne, dans une exécution pas nécessairement passionnante. Celle, en trois disques, du Romain Simone El Oufir Pierini, qui paraît actuellement chez Brilliant Classics, se distingue avantageusement par une musicalité supérieure (malgré une occasionnelle affectation), mais surtout l’utilisation d’un pianoforte d’époque.

À noter : Arion présentera deux œuvres de Montgeroult, dont un concerto pour piano joué par Élisabeth Pion, lors de ses concerts du 6 au 8 octobre à la salle Bourgie.

0:00
 
0:00
 
Hélène de Montgeroult – Complete Piano Sonatas

Musique classique

Hélène de Montgeroult – Complete Piano Sonatas

Simone Pierini

Brilliant Classics

8,5/10