Le destin de Bruce Liu a changé à jamais à Varsovie dans la nuit du 20 au 21 octobre 2021, alors qu’il devenait le vainqueur du 18Concours Chopin. Le Montréalais rentre au bercail pour trois concerts avec l’Orchestre symphonique de Montréal les 19 et 20 avril.

C’est avec grande peine que nous avions réussi à avoir le pianiste au bout du fil à l’issue de sa victoire, il y a un an et demi. Jeune musicien à la carrière encore confidentielle, sans agent, sans site internet, Bruce Liu avait été pris au dépourvu dans un tourbillon qui allait le propulser en un claquement de doigts sur les plus grandes scènes.

C’est un autre artiste qui nous répond cette fois, maintenant rompu à l’exigeante discipline des concertistes internationaux. On le joint à Buenos Aires, où il vient de jouer dans la mythique salle du Teatro Colón. « C’est vraiment une salle magnifique », s’exclame-t-il, ajoutant n’avoir jamais entendu une si bonne acoustique dans une salle d’opéra.

Bruce Liu était dans la capitale argentine pour jouer le Concerto n1 de Chopin avec l’Orchestre philharmonique local, une œuvre qu’il dit avoir jouée pas moins d’une quarantaine de fois depuis 2021. Un peu plus que le Concerto n2, qui lui avait permis de se distinguer en finale du Concours Chopin.

« Techniquement, le Premier est plus difficile, plus brillant. C’est plus dur de convaincre avec le Deuxième », moins virtuose, explique le musicien. « Mais le fait que ce soit court donne une meilleure impression parce que c’est short and clean. »

« Les organisateurs de concert demandent toujours du Chopin. Malheureusement, il n’a écrit que deux concertos », résume le pianiste de 25 ans, qui s’accommode assez bien de son association avec le compositeur polonais.

Comment éviter de tomber dans la routine, à force de labourer toujours les mêmes terres ? Pour Liu, une seule solution : avoir toujours la pensée en mouvement.

« Au concours, même jusqu’à la dernière minute avant de mettre mon pied sur la scène, j’étais en train de découvrir de nouveaux phrasés, de nouvelles dynamiques », illustre-t-il.

La diversité des salles et des instruments aide également à s’aérer l’esprit. « Les violonistes apportent leur propre bébé. Nous, à chaque concert, c’est comme avec une copine différente », dit-il en riant.

Une femme sur le podium

C’est le Concerto no 2 que les Montréalais pourront entendre dans deux semaines, en plus de la Symphonie no 6 de Sibelius et de The Light of the End de Sofia Goubaïdoulina, dirigés par la Finlandaise Dalia Stasevska, à la tête de l’Orchestre symphonique de Lahti.

Bruce Liu se réjouit de jouer pour la première fois avec une femme sur le podium : « Dans un sens, la musique de Chopin est très féminine, sensuelle, sensible, j’ai donc hâte de la découvrir dans une autre perspective avec une cheffe. »

Mais il n’y a pas que Chopin dans la vie du pianiste, qui avait joué la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov l’été passé avec l’OSM dans le cadre de la Virée classique.

Plus tard pendant l’été, ce sera au tour du Concerto n3 de Beethoven pour une tournée en Corée, puis du Concerto n2 de Rachmaninov avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de Philadelphie.

Le 23 avril, le musicien se produira également en solo au Centre culturel Desjardins de Joliette dans un programme Chopin-Liszt. Les Réminiscences de Don Juan du second formeront un couple naturel avec les Variations sur « Là ci darem la mano » du premier, une œuvre de jeunesse rarement jouée que Liu avait insérée dans son programme de concours à Varsovie.

Des œuvres qu’il jouera lors d’une tournée nord-américaine qui se terminera au légendaire Carnegie Hall le 19 mai. « Je pense que c’est une bonne place pour commencer ! », lance Bruce Liu, dont ce sera les débuts à New York.

Le concert sera diffusé en direct de la Maison symphonique le 19 avril à 19h30 sur la chaîne Mezzo Live. dans le cadre des 25 ans de la chaîne.

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