Plus de 900 journalistes français ont signé une tribune dans le quotidien Le Monde, jeudi, pour dénoncer le «sexisme systémique qui ronge la profession» et appeler les rédactions à «prendre la mesure de la gravité du cyberharcèlement dont sont victimes les femmes journalistes».

Cette pétition survient dans le sillage de l'affaire de la «Ligue du LOL», une bande de jeunes gens essentiellement masculins, parisiens et diplômés, qui dans les années 2010 ont utilisé leur maîtrise des réseaux sociaux pour harceler en ligne et parfois «in real life» leurs victimes, principalement des femmes.

«Aujourd'hui, les cibles de la Ligue du LOL ne se taisent plus et nous saluons leur courage. Elles sont devenues les porte-parole d'une profession rongée par un sexisme systémique», affirment les signataires de cette tribune écrite par Prenons la une, association qui milite pour l'égalité professionnelle dans les rédactions, et l'Association des journalistes lesbiennes, gais, bi et trans (AJL).

«Car la Ligue du LOL n'a rien d'une exception. Elle ne concerne pas seulement le petit milieu journalistique parisien mais l'ensemble de la société. Elle illustre la réalité d'une domination masculine fondée sur la cooptation et l'entre-soi entre hommes, blancs et hétérosexuels», poursuit la tribune.

Les signataires appellent les directions des rédactions à une «prise de conscience» et demandent à ce que «la cooptation et l'entre-soi, au bénéfice quasiment exclusif d'une seule partie de la population» ne soient plus «les mécanismes d'embauche obligés des journalistes».

Dans l'affaire de la «Ligue du LOL», révélée ce week-end par une enquête du quotidien Libération, une petite dizaine de participants, dont des rédacteurs en chef web de plusieurs publications, dont Libération et Les Inrockuptibles, ont été suspendus ou se sont mis en retrait de leurs activités.

Selon des témoignages publiés par le site Numerama, certaines victimes ont été aussi harcelées sexuellement, des membres du groupe rendant publiques des photos d'elles nues sans leur consentement, photos parfois piratées.

Dans la foulée, des femmes journalistes couvrant les jeux vidéo ont publié des témoignages de harcèlement et d'agression sexuelle pour l'une d'elle dans ce milieu régulièrement critiqué pour son machisme.