«Quand vous vous assoyez devant votre téléviseur, est-ce que votre réflexe est de regarder ce que vous avez conservé sur votre enregistreur numérique? Non, vous regardez les émissions qui sont diffusées au moment où vous allumez la télé...»

Cette affirmation sort de la bouche de Duncan Stewart, directeur de la recherche et de l'analyse chez Deloitte, de passage à Montréal la semaine dernière. M. Stewart était invité à l'événement Intracom, un rendez-vous des professionnels du web et de la communication. Chroniqueur au Globe and Mail, conférencier recherché, il présente chaque année ses prévisions dans le domaine des médias. Quand il frotte sa boule de cristal, il dit voir que la télévision est bien en selle pour rester LE super média, et ce, pour encore plusieurs années.

Bien sûr, les gens enregistrent les Tudors ou les Borgias qu'ils regarderont plus tard durant le week-end. Et de plus en plus de gens adoptent Tou.tv pour rattraper des émissions qu'ils ont ratées ou pour découvrir des séries de webtélé comme En audition avec Simon. Mais selon M. Stewart, c'est un phénomène qui, même s'il est en progression, demeure somme toute marginal. «Que ceux qui ont déjà regardé un vieux bulletin de météo ou un vieux match de hockey sur leur enregistreur numérique lèvent la main!» a-t-il lancé pour dérider la salle. L'exemple est un peu gros, mais Duncan Stewart voulait insister sur le fait que la consommation d'émissions enregistrées ne représente que 3 % de l'écoute totale de la télévision.

Les grands réseaux de télévision, eux, n'attendront pas que tout le monde ait déserté pour agir. Ils ont déjà commencé la bataille pour garder (on pourrait même dire visser) les téléspectateurs devant leur petit écran.

Les séances de twivage durant Tout le monde en parle, Le verdict ou Pénélope McQuade (qui a affiché le mot-clé de la discussion Twitter au bas de l'écran dès sa première émission) font partie de cette stratégie pour s'assurer que les gens regardent une émission au moment de sa diffusion. On ne peut pas tweeter le lendemain de l'émission, il faut être présent pendant que ça se passe.

Au Québec, nos efforts sont encore bien timides, mais aux États-Unis, on sort l'artillerie lourde. Le réseau NBC, par exemple, a annoncé la semaine dernière le lancement de NBC Live, une plateforme de télévision interactive (social tv) qui incitera les téléspectateurs à répondre à des sondages, des questions quiz et à partager leurs commentaires en direct avec les autres téléspectateurs durant une émission. Un exemple: durant la diffusion d'un épisode de la comédie The Office, on pourrait demander aux téléspectateurs de voter pour déterminer si le personnage de Dwight mérite ou non une promotion. Il y aura un modérateur pour gérer les commentaires, mettre en lumière les plus pertinents et animer la discussion. L'application iPad de NBC Live est déjà disponible. Quant au site NBC Live, il sera officiellement lancé le 26 avril prochain. On amorcera l'expérience avec l'émission The Voice, mais NBC a déjà annoncé que toutes les émissions se retrouveront éventuellement sur cette nouvelle plateforme. L'objectif est clair: utiliser l'interactivité pour s'assurer de la fidélité et de l'assiduité du téléspectateur. Est-ce que la promesse de pouvoir «jaser» avec d'autres téléspectateurs durant une émission est attirante au point où on aménagera notre horaire pour s'asseoir devant le téléviseur au moment où les réseaux l'ont décidé? En particulier les jeunes qui délaissent la télé pour le web. Seul le temps nous dira si les efforts des réseaux de télévision et la boule de cristal de Duncan Stewart auront raison...

Miso

Lundi soir dernier, lors de la première du talk-show de Pénélope McQuade, plusieurs internautes ont essayé Miso, une nouvelle application de télévision sociale et interactive. On s'abonne, on choisit l'émission qu'on souhaite regarder «en direct» et on commente avec les autres abonnés qui sont à l'écoute. Un bouton nous permet d'aviser nos abonnés Twitter et nos amis Facebook que nous sommes en train de regarder une émission par l'entremise de Miso, une façon de les inviter à nous rejoindre. Pour l'instant, je ne peux pas dire que j'ai été emballée. Comme il y a encore peu d'abonnés, on se sent pas mal seul sur Miso. Le twivage semble pour l'instant une façon plus simple et directe de commenter en direct lorsque ça nous chante.