Quand nous l'avons eu au bout du fil, mardi dernier, Kip Berman était dans le confort de son appartement, à Brooklyn. Le lendemain, ses complices du groupe The Pains of Being Pure at Heart et lui allaient s'envoler au Japon pour un spectacle éclair, avant de revenir à temps pour être à Osheaga, dimanche.

Depuis la sortie de son deuxième album, Belong, le quatuor de Brooklyn multiplie les spectacles.

«Nous tournons beaucoup depuis la sortie de notre premier album. Nous pensons que c'est la meilleure façon de faire connaître notre musique. Le fait d'avoir multiplié les spectacles pour le premier disque nous a permis de savoir ce qui marchait le mieux», explique Kip Berman.

Le premier album éponyme de The Pains of Being Pure at Heart, sorti en février 2009, s'est attiré des critiques élogieuses pour sa pop-rock fleur bleue accrocheuse, qui puise dans le rock des années 90, et pour la grande importance accordée aux mélodies. Des mélodies qui nous font replonger dans l'intensité sentimentale et l'innocence amoureuse de l'adolescence.

Ce n'est pas pour rien que le groupe s'appelle The Pains of Being Pure at Heart. «J'ai un ami de Portland qui a écrit un conte pour enfants intitulé The Pains of Being Pure at Heart. C'était à propos d'amis qui expérimentent la vie et je trouvais que ça collait à nos chansons. Je m'en foutais si ce nom allait rebuter des gens.»

En entrevue, Kip Berman dégage la même candeur sincère que sur scène ou dans les textes de ses chansons. Quand il évoque des groupes qu'il écoutait dans sa jeunesse (Weezer, Nirvana, Jesus and Mary Chain, Smashing Pumkins, Sonic Youth, Pixies, Suede, Pulp), il pourrait parler pendant des heures. Très volubile et généreux en entrevue, Kip Berman ne voit pas encore la musique comme un job, mais comme la source de son bonheur et la réalisation de son rêve de jeunesse.

Pour son deuxième album, Belong, sorti à l'hiver dernier, The Pains of Being Pure at Heart a travaillé avec nul autre que le mixeur Alan Moulder et le réalisateur Flood, qui partagent un studio à Londres.

«Il y a deux ans, Alan Moulder a pris contact avec nous, car il avait beaucoup aimé notre premier album. Il voulait travailler avec nous, mais vous savez comment ça marche dans l'industrie, on ne voulait pas trop compter là-dessus. Finalement, il a proposé de mixer Belong et il nous a suggéré que son partenaire Flood réalise le disque. On ne pouvait pas dire non! raconte Berman. Nous ne sommes pas des groupes aussi commerciaux que U2, Nine Inch Nails et The Killers, mais Moulder et Flood ont aussi travaillé avec des artistes indie (PJ Harvey, Nick Cave)... Je ne chante pas comme Bono dans un stade!»

Kip Berman et sa bande avaient beau travailler avec deux pros qui sont derrière des albums classiques des dernières décennies, ils savaient précisément ce qu'ils voulaient. «Quelque chose de plus viscéral, d'immédiat et un son américain, dans le sens de jeunes qui sont en banlieue», explique le chanteur à la voix sensible.

Ce dernier n'est pas d'accord avec l'idée que la musique de son groupe a des influences manifestes du rock alterno des années 90. «Pour moi, quand une chanson est bonne, elle transcende toutes les époques. Comme 1979 des Smashing Pumkins.»

Ce n'est pas tant dans la musique que les chansons de The Pains of Being Pure at Heart évoquent les années 90, mais dans la note d'espoir qu'elles apportent au spleen que les jeunes peuvent vivre.

Les titres des chansons parlent d'eux-mêmes: Heart in Your Heartbreak, Even in Dreams, ou encore My Terrible Friend. Des chansons qui sont à l'image des membres de The Pains of Being Pure at Heart: des personnes douces, sensibles et sincères. C'est plutôt rare qu'un musicien conclut une entrevue en disant: «Merci pour ton temps. Nous avons hâte d'être à Montréal. C'est la première fois que nous y serons pendant l'été.»

The Pains of Being Pure at Heart se produit demain, à 16 h 15, sur la scène Verte.