Le Club Soda était plutôt bien rempli hier, pour la première du spectacle de Brigitte Boisjoli: des auditeurs d'Espace Musique, des gars qui la trouvent craquante, des filles qui aiment bien son aplomb, des fans du temps qu'elle était à Star Académie...

D'ailleurs, parce qu'elle assume aussi bien sa part Star Ac que son virage chanson entrepris avec le lancement de son disque Fruits défendus en 2011, l'énergétique Brigitte est redevenue «blonde bleachée», comme en 2009: «C'est un retour aux sources» a lancé en rigolant l'ex-brune piquante.

Ça ne lui enlève évidemment pas un iota de sa singulière vitalité: Brigitte Boisjoli est une chanteuse de type «cardio» si je puis dire, très tonique, saine et même... multigrains, capable d'aborder plusieurs styles, comme elle l'a démontré dans ce joli spectacle composé pour moitié de ses chansons (neuf des 16 de son album), pour moitié de reprises.

Chantant aussi bien Boris Vian (Fais-moi mal, Johnny) qu'Adele (l'inévitable Rolling in the Deep), Gnarls Barkley (Crazy) qu'Annie Lennox (Why) ou Maurane (Où es-tu?), Diane Dufresne (Oxygène) que Dolly Parton, Tina Turner, Aretha Franklin et compagnie (dans un medley entrecoupé d'anecdotes rigolotes), la jolie miss a une fois encore fait preuve d'un aplomb et d'un naturel confondants sur scène: elle est toujours la petite fille qui montait, enfant, sur une table de billard, sans se faire prier, pour imiter ses chanteurs préférés et chanter jusqu'à épuisement pour des «25 cennes», comme elle l'a raconté en riant.

Humour et énergie

Dotée d'un humour charmant («Je n'ai pas les deux atouts de Dolly Parton, mais les gars disent que j'ai de beaux... mollets!») et consciente de son trop-plein d'énergie («Je suis capable de regarder un film jusqu'à la fin... mais debout!»), notre Fraisinette sur le «speed» a beaucoup de ressources et de voix. Ce qui lui manque encore, c'est... comment dire... le petit supplément d'âme qui ferait toute la différence.

Brigitte Boisjoli l'a elle-même rappelé, elle n'a jamais été «mise en danger» du temps de Star Ac. Avec ce très joli spectacle, agréable, elle n'est toujours pas mise en danger. Elle plaît... mais touche- t-elle? Pas vraiment, pas encore.

Ce n'est pas le choix des chansons, le problème: non, des chansons «originales» ne sont pas nécessairement indispensables. Mais si une chanson se rend jusqu'à l'oreille parce qu'un auteur et un compositeur l'ont écrite, c'est grâce à l'interprète qu'elle se rend de l'oreille au coeur. Ce chemin délicat, mystérieux, insondable, c'est toute la différence entre un bon chanteur de «covers» et un interprète de talent. Brigitte Boisjoli n'a pas encore tout à fait trouvé ce chemin, qui ferait d'elle une interprète à part entière, au sens noble du terme. Mais elle le pourrait (elle y est parvenue pendant Oxygène et Why d'Annie Lennox!), elle en a l'étoffe, c'est indéniable.