Certains répertoires se prêtent mieux que d'autres aux arrangements symphoniques. C'est le cas de celui de Julien Clerc, qui a clôturé de très belle façon les FrancoFolies, samedi soir, dans une salle Wilfrid-Pelletier pratiquement pleine et complètement sous le charme du chanteur-compositeur qui a écrit quelques-unes des mélodies les plus connues de la chanson francophone.

Il ne nous avait pas rendu visite depuis très longtemps et ce spectacle faisait figure d'événement pour beaucoup d'admiratrices de son vibrato sans égal et de ses chansons indémodables. Il est arrivé sur scène seul, accueillant avec grâce les applaudissements de bienvenue. Lorsque le rideau s'est levé, les 40 musiciens de l'OSM étaient prêts à se lancer dans l'aventure avec lui, sous la direction du chef Stephan Gaubert, qui accompagne Julien Clerc dans sa tournée européenne.

La soirée a été lancée avec La belle arrivée, et on a pu tout de suite constater que l'enrobage symphonique sied parfaitement à Julien Clerc. Sa voix, qu'il pousse sans hésiter et qui assure toujours malgré quelques rares glissements, n'est jamais éclipsée. Elle survole les instruments mais se laisse aussi porter par cet enrobage confortable et très précis. Et les arrangements de Philippe Uminski mettent en valeur les particularités de chaque chanson plutôt que de toutes les aplanir.

C'est un spectacle léché et rodé, aux éclairages sophistiqués, pendant lequel le chanteur est parfois debout au micro, parfois au piano. Il alterne entre les ballades - Hôtel des caravelles, valse tirée de son nouveau disque Fou peut-être, Utile, solennelle et toujours pertinente - et les chansons plus rythmées - C'est une Andalouse, Le patineur, La fille aux bas nylon - avec une égale aisance.

Cool et généreux

Parce qu'on était là pour le voir autant que pour l'entendre, disons que Julien Clerc, très chic avec son veston gris et sa cravate négligemment nouée, ne fait pas ses 64 ans et dégage une élégance décontractée, une «coolitude» à faire pâlir d'envie les jeunes dandys d'aujourd'hui. Chanteur de charme sans les tics - sauf quelques finales mélodramatiques -, il se déhanche légèrement, sourit beaucoup, mais n'en fait jamais trop.

Malgré son flegme désarmant, Julien Clerc n'est pas chiche et il chante avec générosité, tant ses nouvelles chansons - dont certaines ne déparent pas les anciennes, on pense en particulier à La nuit c'est tous les jours, écrite par Alex Beaupain - comme ses nombreux classiques. On lui sait gré d'interpréter Ma préférence, Si on chantait ou Ce n'est rien avec un engagement qui ne semble pas feint, en véritable pro qui sait que les gens ont payé leurs billets très cher pour les entendre.

Lorsque, au troisième rappel, il revient seul au piano interpréter Fais-moi une place, on sent ainsi une réelle émotion: la connexion s'est faite. Difficile, devant tant d'intensité et cette gentillesse de gentleman, de ne pas succomber.