De retour à Montréal après un long cycle de passages au sein du fabuleux quartette de Wayne Shorter, le pianiste Danilo Perez présentait hier son trio composé du contrebassiste Ben Street et du batteur Adam Cruz, avec qui il bosse depuis nombre d'années. Lente ascension, avons-nous noté tout au fond du parterre de la Maison symphonique.

Rappelons d'abord que le pianiste panaméen s'est imposé sur la planète jazz dans les années 90, on se souvient d'une association probante avec le saxophoniste portoricain David Sanchez, après quoi il s'est distancié de l'étiquette latin jazz qu'on était tenté de lui coller... erronément: Danilo Perez investit un territoire beaucoup plus vaste, on le constate depuis un quart de siècle.

Installé à Boston, il a oeuvré en tant qu'enseignant au New England Conservatory puis à la Berkle School of Music, tâches qu'il a toujours partagées avec ses projets de création et ses activités de sideman auprès du grand Wayne Shorter.

En trio cette fois, donc, le pianiste a mis du temps à dévoiler sa propre singularité et s'est inscrit davantage dans la continuité jazzistique. Prestation plutôt horizontale pendant les deux premiers tiers, force était d'observer. On pouvait néanmoins identifier quelques figures singulières dans le détail, dans les petits recoins, se dire que ces musiciens étaient très bons... et légèrement ennuyeux. Était-ce la preuve que ce pianiste peut adopter plusieurs esthétiques et ainsi camper un rôle plus académique lorsque bon lui semble? Ou encore... cette impression de linéarité était-elle accentuée par la relative ténuité de la sonorisation? Allez savoir...

Lorsque toutefois le niveau d'intensité fut accru au terme de ce plateau plus académique sur le plan de l'exécution de pièces originales (The Expedition, Providencia, etc.), Danilo Perez et ses collègues furent à leur mieux.

Le changement de ton s'est opéré avec la jazzification en 7/8 de la chanson Overjoyed de Stevie Wonder, suivie d'une séquence latin jazz et coiffée d'une longue et vibrante conclusion «Autour de minuit», c'est-à-dire assortie de plusieurs fragments de standards signés Thelonious Monk - puisque ce dernier aurait eu 100 ans cette année... et que Danilo Perez est un spécialiste de la question, ayant déjà enregistré PanaMonk en 1996.

Certes le meilleur moment de cette lente ascension...