Elles avaient, à elles deux, un peu plus de 140 ans. Mais ça ne paraissait pas vraiment jeudi soir, sur la scène du Métropolis.

Wanda Jackson, la première, a confirmé son indisputable statut de mamie du rock'n'roll en donnant un concert particulièrement enjoué. À 75 ans, la chanteuse de country et de rockabilly américaine n'a rien perdu de sa voix gouailleuse et de sa bonne humeur. Qu'elle reprenne ses vieux tubes (Funnel of Love, Fujiyama Mama) ou des morceaux plus récents produits par les jeunes musiciens (Jack White et Justin Towne Earle), son plaisir semble égal.

Et qu'importe si elle se mêle parfois dans ses paroles. La dame est tellement relax que tout passe comme une lettre à la poste. Elle jase beaucoup, multiplie les anecdotes («la première fois que j'ai rencontré Elvis en 1955, j'ai trouvé qu'il avait un drôle de nom!») et se permet même de brasser sa généreuse poitrine pendant Shake Rattle and Roll. Une vieille madame? Peut-être. Mais du haut de ses 4'2'' et de sa belle permanente «teindue», Mme Jackson semble plus jeune de coeur que la plupart d'entre nous. Elle n'a pas tardé à mettre la salle (clairsemée... un peu trop grand, le Métropolis?) dans sa poche.

Bettye LaVette

Ce fut un peu plus difficile pour la chanteuse soul Bettye LaVette, qui donnait la première partie de ce programme double. Des problèmes de son agaçants ont plombé le premier quart d'heure du concert. Mais en vraie pro, la dame a fini par imposer sa voix, sa classe et ses rythmes mid-tempo tirant parfois sur le funk.

Leggings noirs, t-shirt moulant et talons hauts scintillants, on ne lui aurait jamais donné ses 70 ans. Mais cette «Tina Turner soft» est en réalité une vraie survivante, n'ayant connu le succès qu'en 2005, après quatre décennies à avancer dans l'obscurité.

Une belle découverte, malgré quelques longueurs et un groupe d'accompagnement un peu «boboche», qui aurait gagné à avoir plus de mordant.