Lancé cette semaine sous étiquette Kartel Musique, la matière neuve d'Alexis HK sera défendue par un seul homme au Coup de Coeur francophone. Ce jeudi au Lion d'Or, le Nantais d'adoption montera sur scène avec nul autre accompagnement que celui de sa guitare. Nouvel album, «dernier présent».

Que justifie un tel titre?

«De nos jours, l'image qu'on nous renvoie de notre civilisation n'est pas terrible», amorce l'interviewé, rencontré dans un appartement chaleureux du Plateau qu'il occupe avec son équipe pour ce séjour automnal effectué en Amérique francophone.

Cette image de chaos civilisationnel évoquée par l'auteur, est la toile devant laquelle s'animent ses personnages du Dernier présent, son septième album. Ainsi, on a droit à une dizaines de chroniques de moeurs et de société mises en rimes.

«J'y aborde même le thème de la décadence. On on ne sait jusqu'où cela va descendre mais... le contexte de ces chansons, en fait, est un levier pour parler du bonheur! Parler de l'urgence d'être heureux, de vivre le moment présent. Je n'aime pas trop le propos apocalyptique de type attention à la fin du monde ou quoi faire d'ici le 21 décembre 2012! Dans Le dernier présent, il s'agit plutôt de se dire bon, puisqu'on a du mal à avoir une vision claire de l'avenir, on a la possibilité de se retrancher dans le présent. Ralentir, prendre le temps d'être bien.»

L'écriture d'Alexis HK est consonante et richement ornée. Humblement, le chanteur rappelle les influences qu'il assume.

«Je propose le clin d'oeil de quelqu'un ayant beaucoup écouté Brassens mais qui a passé par le hip hop l'adolescence. Brassens, je le revendique plus que tout, car il m'a donné envie de chanter, mais aussi des repères quasi idéologiques, des façons de voir la vie. En tout cas, je n'ai pas peur de ces influences. Aujourd'hui, ça fait partie du contenu de ce que proposent les musiciens; il est assez rare qu'on les reconnaisse sans les démarquer de leurs influences.»

Quant à l'étiquette «héritier de Joe Dassin» qu'on a pu lire récemment dans un texte des Inrocks, HK infirme. «On compare ma voix à la sienne mais il ne fait pas du tout partie de mes références discographiques», tranche HK.

Côté musique, force est d'observer une grande sobriété folk pop dans la facture de ce Dernier présent.

«En travaillant avec mon coréalisateur (Matthieu Ballet), je me suis questionné sur les arrangements de ces chansons; chaque fois que nous avons voulu partir dans des trucs grandiloquents je me suis dit que ça servait à rien. Je préférais que les chansons se suffisent à elles-mêmes, sinon ça me semblait disproportionné. Je voulais aussi que ces chansons puissent être interprétées avec une seule guitare, quitte à revisiter et allonger sur scène.»

Sur scène, d'ailleurs, Alexis HK opte pour la géométrie variable. Soliloque au Québec, chanteur avec quartette en Europe (et peut-être l'été prochain de ce côté de la flaque. «Il ne s'agit pas d'en rajouter des tonnes, prévient-il néanmoins. Ça reste très épuré, mais avec guitares, banjo, violon, etc.»

Les musiques de ce Dernier présent s'inscrivent dans la chanson française «classique» avec une touche country folk. Nantes et sa campagne environnante y seraient pour quelque chose.

«Je vis à Nantes depuis cinq ans. J'habite un environnement plus rural, explique le chanteur, originaire de la grande région parisienne. J'y suis très bien. Puisque je bouge beaucoup, rentrer là-bas et me retrouver dans une maison avec beaucoup d'espace pour travailler, c'est un vrai bonheur. Forcément, ma ma musique est influencée par cet environnement. Alors? Si j'ai envie d'une guitare folk, j'y vais avec une guitare folk. Chanter avec sa guitare, ça part de l'Amérique mais c'est quand même assez universel. Je me sens à l'aise dans le folk et ses compléments country ou pop. Au fond, il faut se détacher de ces questions sinon on ne peut pas avancer.»

Pas question de s'arrêter au dernier présent, il va sans dire...

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Dans le cadre du Coup de coeur francophone, Alexis HK se produit à Montréal, le jeudi 6 novembre, 20h30. Lion d'Or.  Le Théâtre du Petit Champlain, le 15 novembre.