Haus Khaz Village est considéré comme le quartier cool de New Delhi. Y converge la faune branchée de la capitale indienne, y fleurit une culture urbaine indie... à saveur indienne! S'y trouvent cafés, clubs, ateliers d'art, galeries, locaux de répétition et studios d'enregistrement dont celui de Midival Punditz, la où cette interview a été réalisée. Ce tandem que forment Gaurav Raina et Tapan Raj est considéré parmi les pionniers de la musique électronique indienne.

«Nous qualifions notre musique d'indian electronica, amorce Gaurav. Elle provient de l'Inde, elle est créée par des Indiens des jeunes générations ayant été immergés dans la club culture - je pense au hip hop, breakbeat, jungle, drum'n'bass, dubstep, etc. Nous avons grandi en écoutant ces musiques, toutefois dans un contexte social beaucoup plus traditionnel que celui prévalant en Occident; folklore et musique classique indienne, sans compter la pop culture musicale émanant de Bollywood. Notre vie  culturelle est un amalgame de ces deux pôles. Nous, de Midival Punditz, voulons témoigner de cette tension... savoureuse! C'est l'objet de notre démarche.»

Adolescents, Tapan et Gaurav furent d'abord DJ. Installés en Occident, des amis et membres de leur famille élargie leur faisaient parvenir des albums de musique électronique et de hip hop, ce qui fut la bougie d'allumage à une démarche singulière.

Gaurav raconte la révélation: «Nous avons commencé à mixer ces albums avec de la musique classique indienne, nous avons beaucoup aimé ce mélange. Puis nous avons enregistré le fruit de nos  expériences avec un équipement de fortune, après quoi nous avons fait jouer ces mélanges lors de soirée. Ça a eu tôt fait de déclencher un véritable mouvement dans notre cercle d'amis artistes. Ce style s'est implanté. Nous nous sommes alors sentis prêts à composer. Nous sommes allés de l'avant.»

C'était la fin des années 90, une époque où des musiciens d'origine indienne posaient les bases de l'asian underground, à New York, surtout à Londres: Asian Dub Foundation, Nitin Sawhney, Karsh Kale, Talvin Singh...

«Par l'intermédiaire d'un ami commun, Talvin a eu vent de nos soirées, il a réalisé que de jeunes musiciens faisaient en Inde ce que son équipe était en train de mettre au point au Royaume-Uni. Lorsque nous avons été mis en contact, nous avons réalisé que nous n'étions pas seuls à voir les choses ainsi. En 1999, Talvin invita des amis musiciens du monde entier à se produire au club londonien Fabric. Nous y avons représenté Delhi avec ce sentiment de faire partie d'une nouvelle communauté mondiale. Nous sommes rentrés au pays et nous sommes restés en contact avec ces musiciens dont certains sont devenus des collaborateurs importants. Dans cette même foulée, Talvin Singh nous a incités à jouer des instruments et de greffer le tout à nos enregistrements. Nous avons emboîté le pas et notre musique a continué à évoluer.»

Représenter la vie en Inde

Associé à une culture plus internationale d'entrée de jeu, Midival Punditz s'est ensuite rapproché de son public naturel:

«Au début, précise Gaurav, plusieurs fans indiens croyaient que nous provenions des USA ou du Royaume-Uni! C'est pourquoi notre deuxième album (Let's Enjoy) s'est adressé davantage à notre marché «naturel». Par la suite, nous avons écouté beaucoup de rock et de dance music, ce qui a déteint sur notre production. Nous travaillons actuellement sur un nouvel album et c'est un peu la même démarche, nous aimons y illustrer artistiquement notre existence. Difficile d'en identifier le style: indien, électronique, rock, ça va  dans toutes les directions! Qui plus est, nous impliquons des artiste représentatifs de ce talent qui pullule actuellement en Inde.»

D'abord confiné au DJisme sur scène, le tandem Midival Punditz a aussi peaufiné son approche.

«Nos spectacles ont beaucoup progressé et nous pouvons compter sur de jeunes collaborateurs très talentueux. Vu la taille du marché, on y réalise que la musique peut être une noble profession en Inde. Nous gagnons beaucoup mieux notre vie qu'à nos débuts. On voit d'ailleurs de très nombreux groupes et musiciens émerger.»

Tapan se permet d'insister sur l'identité indienne de la facture Midival Punditz:

«Plusieurs jeunes artistes d'ici font de la musique non indienne, déplore-t-il. Certains technoïdes  aiment créer comme on le fait à Berlin. Pourquoi alors ne vont-ils pas s'installer là-bas? Nous croyons au contraire qu'une musique originale doit refléter l'environnement de ses créateurs. Les imitations ont toujours existé en Inde, remarquez, mais les alternatives authentiques sont de plus en plus nombreuses.  C'est aussi le cas dans la pop grand public : de nombreux artistes de talent tels A.R. Rahman ou le tandem Salim-Sulaiman créent des musiques vraiment ancrée dans notre culture. Or, leur impact déborde désormais le cadre du marché indien.»

Liens utiles:

Pour découvrir la musique de Midival Punditz : https://midivalpunditz.com/nodes/home

Lien Soundcloud : https://soundcloud.com/midivalpunditz

Liens Youtube :

https://youtu.be/irVY2SQTYfE

https://youtu.be/AYG50_cV1bA

https://www.youtube.com/watch?v=667rOG59I9I&feature=relmfu

https://www.youtube.com/watch?v=5 mKeWPFVrtc&feature=relmfu

https://www.youtube.com/watch?v=EQ3dCdS6WuU

https://www.youtube.com/watch?v=GZY2KTSL99I

Pour découvrir la nouvelle musique indienne, Gaurav et Tapan recommandent le site https://nh7.in/