Artiste britannique originaire du Ghana, Larry Achiampong célèbre les racines, la famille, l’humanisme et la vertu. La Fondation Phi nous le fait découvrir cet automne, dans le Vieux-Montréal, avec une expo créée in situ, colorée et plongée notamment dans les enseignements que l’on doit tirer collectivement de la pandémie.

Larry Achiampong faisait partie de l’exposition collective Relations : la diaspora et la peinture que Phi avait montée l’an dernier dans ses espaces. Une réflexion sur la diversité d’expression de peintres vivant au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. La directrice générale de la Fondation Phi, Cheryl Sim, avait découvert cet artiste renommé lors d’expositions présentées à la Biennale de Venise et à Miami.

PHOTO RICHARD-MAX TREMBLAY, FOURNIE PAR LA FONDATION PHI

Holy Cloud (Mighty Jesus), 2014, Larry Achiampong, œuvre exposée à Phi en 2020.

Elle avait apprécié son talent multidisciplinaire, Larry Achiampong s’exprimant autant avec la peinture, la sculpture, le dessin et l’installation qu’avec la photographie, la vidéo ou la performance. Elle l’a donc invité à exposer cette année à Phi.

L’exposition, son premier solo en Amérique, s’intitule L’explorateur de reliques. Avec en sous-titre D’où nous venons, toi et moi, nous savons que nous ne sommes pas ici pour toujours. Il s’agit d’une nouvelle version de son projet Relic Traveller qu’il produit ici et là depuis 2017 et qui évoque la montée des nationalismes et l’effort des Africains d’unifier politiquement leur continent.

PHOTO EMILE HOLBA, FOURNIE PAR LA FONDATION PHI

Larry Achiampong

Les trois salles de l’expo ont été scénographiées par la commissaire Victoria Carrasco, avec la collaboration de Larry Achiampong en contact virtuel constant avec ses indications et ses croquis.

Avant d’arriver dans le premier espace que Phi occupe au 465, rue Saint-Jean, on constate à l’entrée de la salle que le plancher a été peint avec une argile dans une teinte rougeâtre rappelant le fer oxydé des sols latéritiques africains. « Il voulait qu’on pénètre dans un autre univers, dit Cheryl Sim. Qu’il y ait une transition dans une autre conscience. »

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

La directrice générale de la Fondation Phi, Cheryl Sim, cocommissaire de l’exposition avec Victoria Carrasco (à droite)

La première installation met en scène des mannequins non genrés, habillés en combinaison de pilote militaire. Certains ont un casque de cosmonaute et s’envolent dans les airs, « voyageant à travers le temps ».

Des personnages contemporains, alter ego de l’artiste de 37 ans, porteurs de récits du passé, notamment ceux du colonialisme.

Le tout devant des drapeaux aux couleurs du Ghana et contenant 54 étoiles qui représentent les 54 États africains. Des étoiles qui symbolisent le souhait de l’artiste de voir l’Afrique réaliser une cohésion qui la rendrait plus forte, alors qu’il a vécu durement le départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (Brexit), à cause de la montée du nationalisme.

  • Œuvres et vues de l’exposition de Larry Achiampong à la Fondation Phi

    PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Œuvres et vues de l’exposition de Larry Achiampong à la Fondation Phi

  • Vue de l’exposition dans la première salle

    PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Vue de l’exposition dans la première salle

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Larry Achiampong se connecte ainsi à ses ancêtres, à son histoire ghanéenne, autant familiale, culturelle que politique et sociale. « Pour que le passé lui permette de comprendre le présent, dit Cheryl Sim. Le temps et le passage du temps sont très importants dans son travail. »

La deuxième salle, plus petite, suggère tout autant la quête identitaire de l’artiste avec l’installation murale Reliquary Conceptual Imagery. Des illustrations de son ami et collaborateur Wumi Olaosebikan, alias Wumzum. De magnifiques images de style bédé installées comme du papier peint. Une documentation du futur qui donne l’impression d’être immergé dans l’univers d’Achiampong.

  • L’installation murale Reliquary Conceptual Imagery, de Larry Achiampong

    PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’installation murale Reliquary Conceptual Imagery, de Larry Achiampong

  • Détail de Reliquary Conceptual Imagery

    PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Détail de Reliquary Conceptual Imagery

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Dans la dernière salle sont projetées des vidéos pendant toute la durée de l’exposition, soit jusqu’au 9 janvier. Des vidéos dans lesquelles on retrouve les personnages de la première salle. Nous avons vu la vidéo Reliquary 2 (2020), où l’artiste parle à ses deux enfants, sous des images de vagues s’écrasant sur un rivage.

Une méditation sur les dangers qui pèsent sur eux, comme sur nous, à cause de la pandémie. « Qui aurait cru qu’une maladie pourrait arrêter le temps ? », demande-t-il.

L’artiste leur dit la nécessité de la résilience. Il y condamne les inégalités sociales en Grande-Bretagne, le racisme qui affecte les communautés noires et le fait que les aînés, victimes de la COVID-19, ont été « trahis » par les gouvernements.

Les cinq vidéos d’une dizaine de minutes chacune de Larry Achiampong n’étant pas accessibles la même journée, les personnes souhaitant les voir pourront le faire en ligne, du 1er au 3 octobre et du 3 au 5 décembre, sur fondation-phi.org.

  • Drapeau Ascension, de Larry Achiampong

    PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION PHI

    Drapeau Ascension, de Larry Achiampong

  • Drapeau Dualities, de Larry Achiampong

    PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION PHI

    Drapeau Dualities, de Larry Achiampong

  • Drapeau Mothership, de Larry Achiampong

    PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION PHI

    Drapeau Mothership, de Larry Achiampong

  • Drapeau What I Hear I Keep, de Larry Achiampong

    PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION PHI

    Drapeau What I Hear I Keep, de Larry Achiampong

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Finalement, l’expo comprend deux composantes extérieures. On peut écouter l’œuvre sonore Relic Traveler : Phase 1 – Mix (2017), de Larry Achiampong, dans le sous-sol de la Fondation Phi, au 451, rue Saint-Jean. Par ailleurs, ses drapeaux seront exposés durant toute la durée de l’exposition dans de grands panneaux de type publicitaire, au cœur des quartiers montréalais où les communautés noires sont fortement représentées tels que Montréal-Nord, Saint-Michel, Petite-Bourgogne ou encore Saint-Henri.

Consultez le site de l'exposition