Du néant a surgi la lumière et de l'art naît la réflexion, lueur de l'esprit. C'est plus vrai que jamais avec la Triennale québécoise 2011 de l'art contemporain, belle occasion de s'arrêter et de méditer en contemplant toutes ces oeuvres d'artistes qui posent plus de questions qu'ils ne donnent de réponses.

Ce n'est donc pas pour rien si le titre de la Triennale est, cette année, Le travail qui nous attend. Il met le doigt sur les interrogations de citoyens du monde entier en quête de compréhension d'une planète qui bouge, qui bouge, qui bouge. Et la cinquantaine d'artistes de cet événement n'est pas en reste sur ce point.

«Dans la Triennale 2011, bien des oeuvres sont exploratoires, explique Marie Fraser, conservatrice en chef du Musée d'art contemporain de Montréal. Tous ces artistes se posent les mêmes questions dont on parle aujourd'hui: les changements climatiques, le Nord, les grands projets de développement, la question de l'économie, etc.»

Tous les espaces du Musée d'art contemporain sont donc occupés par la Triennale jusqu'au hall d'entrée où le voilier de Dean Baldwin s'est métamorphosé en bar des Caraïbes. Il y a beaucoup d'oeuvres étonnantes, construites, installées qui démontrent que le temps artistique n'est plus seulement celui du simple accrochage d'une oeuvre sur un mur.

L'évolution de l'art transforme ainsi la Triennale d'un lieu d'expositions en un théâtre d'expériences.

«C'est très performatif comme événement, dit la directrice générale du musée, Paulette Gagnon, à La Presse. C'est aussi une fête, une célébration et un hommage à nos artistes québécois pour montrer la force de leur création.»

Paulette Gagnon trouve que trois ans est un bel espace-temps entre chaque Triennale pour permettre à des artistes d'émerger et d'obtenir un réel changement dans la nouveauté artistique. «Le regroupement d'artistes permet aussi de confronter les arts, ajoute-t-elle. Et de découvrir ce qui est en train de se passer, alors que le milieu est très effervescent.»

Pour Marie Fraser, la Triennale 2008 a été un moteur de cette effervescence. «Mais la Triennale québécoise 2008 était aussi née de cette effervescence, dit-elle. La Triennale nous oblige à porter un regard constant sur la vivacité artistique actuelle au Québec.»

La Triennale peut être un tremplin pour des artistes. Après la Triennale 2008, la carrière des David Altmejd, Nicolas Baier, Isabelle Hayeur, Adad Hannah, Valérie Blass ou Étienne Zack a pris de l'ampleur.

La liste des artistes de la Triennale 2011 (44 dans le musée + 9 groupes ou artistes en performance) peut être consultée à www.macm.org. Des rencontres (en français et en anglais) avec ces artistes sont possibles les samedis à 14h, du 8 octobre au 10 décembre. La moitié des artistes sont nés au Québec.

Cette année, qui ressortira du lot? C'est aussi au public de décider.

«Dans une Triennale, on n'est pas obligé de tout aimer, rappelle Marie Fraser. Parfois, dans un événement de ce type, je peux être fascinée par une oeuvre et inquiétée par d'autres que je vais comprendre des années plus tard. On ne sait souvent pas comment se comporter devant une oeuvre. Moi aussi, malgré tout mon bagage de connaissances, j'arrive à être surprise. Et c'est ça qui est intéressant. Les artistes savent toujours nous surprendre.»