Le rideau de fin est tombé mercredi soir sous la nef du Grand-Palais à Paris où se déroulait depuis lundi «la vente du siècle», la dispersion de la collection privée d'Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Les oeuvres et objets d'arts réunis en 40 ans par le couturier disparu et son compagnon sont partis aux enchères pour près de 373,5 millions d'euros (597 millions $ CAN).

Cette vente historique aura tenu ses promesses, avec plusieurs records mondiaux et un produit total de 373 496 500 euros (frais inclus), qui dépasse de beaucoup l'estimation moyenne de 300 millions d'euros (479,5 millions $ CAN).

Devant la presse, Pierre Bergé s'est dit «très heureux des résultats de cette vente, malgré la crise», car il n'avait pas demandé de garanties à Christie's. «D'autres m'avaient demandé d'attendre la fin de la crise, ce que j'ai refusé», a ajouté l'homme d'affaires. «J'ai voulu ramener le marché de l'art à Paris, et je l'ai fait, et j'espère que les collectionneurs et acheteurs n'auront plus peur de vendre de l'art à Paris», a-t-il conclu.

Parmi les 57 derniers lots dispersés mercredi soir au cours de l'ultime vacation, figuraient les deux bronzes à l'origine d'une controverse entre la Chine et Christie's et Pierre Bergé, tranchée par la justice française qui a autorisé lundi leur vente.

Ces deux lots rares, une tête de rat et une tête de lapin en bronze, proviennent toutes deux de la fontaine zodiacale du Palais d'été de l'empereur Qianlong (dynastie Qing, 1736-1795) à Pékin.

Avec une enchère débutant à 10 millions d'euros pour la tête de rat, ce lot a finalement été adjugé à 14 millions d'euros par un enchérisseur anonyme au téléphone.

Sa comparse, la tête de lapin, semblait d'abord susciter un peu plus d'intérêt pour finalement être à son tour adjugée par téléphone également à 14 millions d'euros.

Une statue de Bouddha en bois laqué or et rouge a aussi fait sensation, à 260 000 euros, plus de six fois la valeur de son estimation haute.

Dans le même ordre, une paire de vases en émaux cloisonnés ginbari japonais réalisait, à 50 000 euros, plus de dix fois son estimation haute.

Pour l'archéologie, un torse d'athlète en marbre (Ier ou IIe siècle après JC) est parti à 1,1 million d'euros, plus du double de son estimation haute. Une tête de Dionysos en marbre trouvait facilement preneur à 180 000 euros (estimation 50 000 à 70 000 euros), même chose pour un cratère en cloche attique (440 avant J-C), parti à 120 000 euros (estimation 15 000 à 20 000 euros) ou pour cette tête de Diomède en marbre (art romain), adjugée en quelques instants à 120 000 euros, soit une fois encore le double de son estimation haute.

Plus fort, une hydrie (sorte de cruche) grecque partait à 210 000 euros (estimation 15 000 à 20 000 euros).

Le fameux Minotaure en marbre du début du siècle dernier a trouvé preneur à 760 000 euros (estimation 300 000 à 500 000 euros), quand le musculeux buste de Mercure s'envolait à 400 000 euros (estimation 150 000 à 250 000 euros).

Au cours de la première vacation de mercredi, une tête représentant Janus (première partie du XVIIe siècle) avait trouvé preneur à 1,75 million d'euros pour une estimation de 100 000 à 200 000 euros. Même chose pour un pot à bouquet en cristal de roche, vermeil et rubis (école de Milan), estimé entre 100 000 et 150 000 euros, il s'est envolé à 440 000 euros.

Deux dents de narval de l'Océan arctique (fin du XIXe siècle) estimées entre 30 000 et 50 000 euros sont parties à 180 000 euros. Une statuette, celle d'un Christ en croix (Italie, XVIIe ou XVIIIe), a été adjugée 80 000 euros, alors que son estimation allait de 8000 et 12 000 euros.

Une suite de quatre bustes allégoriques représentant les quatre continents (XVIIIe siècle) a plus que doublé son estimation haute de 300 000 euros, trouvant preneur à 700 000 euros. Plusieurs lots, majoritairement des statuettes ont de la même façon atteint le double de leur estimation haute.

Parmi les 270 lots dispersés lors de la première vacation, figurait notamment une collection pléthorique de 76 camées, pièces très prisées par Yves Saint Laurent, globalement adjugées selon les fourchettes de leurs estimations. Si ce n'est cette pièce, composée de sept camées ovales polychromes représentant des portraits masculins, parti à 80 000 euros (estimation 18 000 à 22 000 euros), ou cet autre camée en opale représentant Isis, déesse de l'arc-en-ciel: il s'est envolé à 50 000 euros (estimation 5000 à 7000 euros).