Le populaire site de potins Qc Scoop, au cœur d’une controverse pour avoir diffusé des informations privées et contestées sur une influenceuse, a perdu mardi de nombreux partenaires d’affaires et suscité l’indignation dans l’industrie du divertissement. Après avoir été larguée par son agence, la plateforme qui se présente comme « votre gossip girl québécois » vient aussi de perdre son fournisseur de services, a appris La Presse.

Résultat : le site ne devrait plus être accessible, du moins dans sa forme connue jusqu’ici.

Lundi dernier, Qc Scoop a essuyé une salve de critiques après avoir relayé sur son site internet et dans les réseaux sociaux une rumeur, photo à l’appui, selon laquelle l’artiste et influenceuse Rafaëlle Roy était à l’hôpital « sous surveillance policière ».

« Elle ne pouvait pas aller aux toilettes sans que les policiers la suivent », indiquait notamment une source anonyme dans l’article – supprimé depuis – suggérant que l’ancienne candidate de La voix était intoxiquée et sous contrôle policier. Il est à noter que le site avait abondamment fait état, à la fin de septembre, d’accusations de conduite avec les facultés affaiblies contre Rafaëlle Roy.

« Je suis allée à l’hôpital accompagnée de policiers parce que j’ai demandé de l’aide, parce que je souffre en silence depuis trop longtemps », a plus tard rectifié l’influenceuse sur Instagram, précisant qu’elle était « totalement à jeun ».

Après avoir retiré la publication litigieuse, Qc Scoop a présenté ses excuses à Rafaëlle Roy et à son entourage dans les réseaux sociaux. « La ligne entre ce qui mérite ou non d’être mis en ligne est parfois très mince, mais cette fois-ci c’était de trop », a admis la plateforme. « Nous ne sommes pas parfait, et ceci en est la preuve. »

  • CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE D'INSTAGRAM

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Trop peu trop tard : d’aucuns ont vu dans la publication de Qc Scoop un manque d’égard et un mépris de la vie privée. « Combien de vies abîmées, combien de familles brisées ça va prendre », a par exemple réagi l’animatrice Véronique Cloutier sur les réseaux sociaux.

« C’est assez. Qc Scoop ravage des vies depuis bien trop longtemps », a pour sa part dénoncé Alicia Moffet. Dans un long message relayé sur Instagram, la chanteuse a exprimé avoir été victime par le passé de « diffamation » et de « menaces » de la part du fondateur du site de potins, Simon Waddell. « Pour qui se prend-il de se donner le droit de violer la vie privée de personnes qu’il ne connaît même pas ? », s’est-elle insurgée.

Dans la journée de lundi, l’auteur-compositeur-interprète Guillaume Fuso a lancé la pétition en ligne « Pour que QCSCOOP ferme pour de bon » ; elle avait récolté près de 10 000 signatures au moment où ces lignes ont été publiées. « QCSCOOP a fait assez de dommage dans la vie des gens dans lesquelles ils s’immiscent sans aucun scrupule », écrit l’auteur de la missive, qui a partagé la vie de Rafaëlle Roy.

On doit s’élever collectivement au-dessus de cette culture de vide, du cancel et de la haine que cette page fallacieuse propage.

L’auteur-compositeur-interprète Guillaume Fuso, qui a lancé la pétition « Pour que QCSCOOP ferme pour de bon » 

Contactée par La Presse, Rafaëlle Roy n’a pas souhaité émettre de commentaires.

Qc Scoop a gagné en popularité en 2022 après avoir diffusé des informations sur les influenceurs qui ont multiplié les frasques lors d’un voyage à Tulum pendant la pandémie de COVID-19.

Son fondateur, Simon Waddell, engrange des milliers de dollars de revenus publicitaires chaque semaine grâce à ses plateformes.

La controverse de trop

L’entreprise H&L Média, qui hébergeait Qc Scoop et assurait sa monétisation, ne veut plus être associée au site de potins fondé par Simon Waddell. Dans un communiqué de presse diffusé mardi après-midi, elle annonçait sa décision de mettre un terme à sa relation d’affaires avec la page et de fermer le site.

Ce n’est pas la première fois que le réseau de repiquage de nouvelles de sports et de divertissement a maille à partir avec Qc Scoop, explique Marc Ouimet, l’un des propriétaires de H&L Média, au téléphone. Cette fois, c’est la controverse de trop. « On gère le contenu de 99 % de nos sites, explique-t-il. Qc Scoop, c’était l’exception et ça nous tombe encore dessus. »

Plus tôt mardi, l’agence Haute Influence avait aussi annoncé dans un communiqué avoir coupé les ponts avec le site Qc Scoop. L’entreprise « a toujours prôné des normes éthiques élevées dans ses partenariats et collaborations ». Elle croit « fermement en l’importance de travailler avec des individus et des organisations qui partagent [ses] principes et [sa] vision. Malheureusement, les récents développements ne correspondent pas à cette philosophie. »

Ni Simon Waddell ni Qc Scoop n’avaient répondu à nos demandes d’entrevue au moment où ces lignes ont été publiées.