Après avoir filmé la Station spatiale internationale pour créer le parcours immersif L’infini, les Studios Félix & Paul et Phi ont un nouvel objectif : filmer la prochaine mission Artemis sur la Lune. D’ici là, on peut remonter dans la Station spatiale pour y découvrir – tout l’été – une version « enrichie » du parcours.

Lentement mais sûrement, l’exploration spatiale se poursuit. Artemis 2, qui décollera en 2024 ou 2025, marquera le retour de la NASA sur la Lune, avec quatre astronautes à son bord, dont le Canadien Jeremy Hansen.

« Après Artemis 2, il y aura Artemis 3, où les humains vont marcher sur la Lune pour la première fois depuis 1972, nous dit Félix Lajeunesse, des Studios Félix & Paul. Après, il y aura Artemis 4, 5, 6… jusqu’à ce qu’il y ait une présence continue d’humains. Tout ça dans le but de préparer une mission sur Mars. Donc nous, on continue à travailler avec la NASA et les autres agences spatiales pour documenter ces missions-là. On a déjà commencé à filmer l’entraînement des astronautes. »

Outre Jeremy Hansen, on retrouvera les astronautes Christina Koch et Victor Glover, tous deux présents dans le parcours immersif L’infini, repris dans le Vieux-Montréal depuis mercredi.

Créer des nouvelles technologies

L’équipe de Félix Lajeunesse compte maintenant près d’une dizaine de personnes qui travaillent à temps plein sur des « technologies spatiales ». « C’est une équipe qui a travaillé sur le développement des caméras intra et extravéhiculaire et qui travaille aujourd’hui sur le concept des caméras du futur. On n’a pas le choix, parce que nous, on veut raconter ces histoires-là, mais les technologies n’existent pas, donc il faut les créer. »

Ce qui a été fait avec L’infini est tout de même époustouflant. Ceux qui ont vécu l’expérience immersive lors de son inauguration, à l’été 2021, vous le diront, la visite virtuelle de la Station spatiale est spectaculaire.

Pour la reprise de l’installation, l’astronaute canadien David Saint-Jacques – qui a lui-même filmé plusieurs des plans que l’on peut voir dans L’infini – a refait le parcours d’un peu plus d’une heure avant de rencontrer les médias jeudi.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’astronaute David Saint-Jacques

C’est comme un super album de voyage, pour moi. J’ai regardé à l’extérieur de la Station, j’ai vu la coupole, j’entendais mes amis parler, c’est comme y retourner. Juste de me promener, de revoir ma chambre à coucher, la cuisine, c’est vraiment réaliste. C’est important pour les astronautes de ne pas garder tout ça dans notre tête, parce que c’est une expérience tellement transformatrice, ça n’a pas de sens de ne pas la partager.

David Saint-Jacques, astronaute

Muni d’un casque de réalité virtuelle géolocalisé – qui lui permet de déambuler sans danger en évitant les obstacles –, le visiteur entre virtuellement dans la Station spatiale. En touchant des mains les petites capsules qui apparaissent sur son chemin (dans des bulles), il est projeté dans un univers virtuel à 360 degrés où il partage des scènes de vie et de travail avec les astronautes.

Ces courtes capsules ont peut-être laissé certaines personnes sur leur faim. Félix Lajeunesse rappelle que le but était de créer un parcours immersif et non pédagogique. « On ne voulait pas étouffer le déambulatoire avec du contenu explicatif, précise-t-il. L’objectif était vraiment que le visiteur vive la même expérience que les astronautes. »

Un parcours bonifié

Une douzaine de nouvelles capsules ont été ajoutées à cette nouvelle mouture qui en compte maintenant une soixantaine, essentiellement des prises de vue extérieures à la Station (qui n’avaient pas encore été traitées il y a deux ans), mais surtout, à la fin, dans un segment de huit minutes, la sortie dans l’espace de deux astronautes – des images d’une grande beauté captées grâce à une caméra installée sur le Bras canadien.

Y a-t-il des éléments que l’astronaute David Saint-Jacques aurait aimé voir, mais qui n’ont pas été filmés ?

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Des visiteurs découvrent l'exposition immersive L’infini.

« C’est assez complet, mais il y a un moment intense dans la vie d’un astronaute, c’est l’arrivée d’un autre véhicule spatial. C’est peut-être quelque chose qu’on pourrait éventuellement filmer ; l’arrimage d’un véhicule à la Station spatiale, c’est vertigineux. »

On voit des amis arriver par le hublot, c’est spécial. Et c’est délicat, on avance tous les deux à 8 km par seconde quand on s’arrime, donc c’est assez intense.

David Saint-Jacques, astronaute

Interrogé sur l’importance d’envoyer des humains en mission dans l’espace, David Saint-Jacques a insisté sur l’importance de poursuivre le travail d’exploration, même si c’est à petits pas.

« La priorité de l’humanité ne sera jamais l’exploration spatiale, et c’est correct. Mais l’humanité progresse parce qu’on garde une fraction de nos énergies et de nos ressources pour rêver, à travers les arts et la science, et c’est comme ça que la civilisation avance. On a toujours envie de voir ce qu’il y a de l’autre côté de la montagne. Il ne faut pas oublier que la conscience environnementale et la collaboration scientifique internationale viennent de l’exploration spatiale. »

Au mois d’octobre, le parcours immersif de L’infini sera présenté simultanément à Vancouver. Celui de Montréal sera éventuellement présenté ailleurs au Canada.

L’infini est présenté depuis le 3 mai et pour tout l’été dans le Vieux-Montréal, au 2, rue de la Commune Ouest, juste à côté du Centre des sciences.

Visiter le site de L’infini

Les Studios Félix & Paul

Les Studios Félix & Paul ont été fondés il y a 10 ans par Félix Lajeunesse, Paul Raphaël et Stéphane Rituit.

L’entreprise montréalaise est spécialisée dans la production de contenus en réalité virtuelle, réalité augmentée et mixte.

Parmi les productions originales de Félix & Paul, on compte la série Space Explorers, Traveling While Black, MIYUBI, la série Nomads, Strangers with Patrick Watson et la série The Confessional.

Félix & Paul a travaillé sur des projets autour des films Jurassic World, Wild et Isle of Dogs ainsi que de spectacles du Cirque du Soleil.

Il s’agit de la seule entreprise au monde désignée « partenaire d’exécution officiel » par le laboratoire national américain de la Station spatiale internationale.