Les associations d’artistes reçoivent l’appui des Québécois au sujet de la refonte en cours des lois sur le statut de l’artiste, selon un sondage obtenu par La Presse. En plus d’appuyer dans une proportion de plus de 80 % les revendications des artistes quant à leurs conditions de travail, les trois quarts de la population jugent que la Coalition avenir Québec (CAQ) doit tenir sa promesse de réformer cette loi avant la fin de son premier mandat.

« On est très touchés de ce grand appui », dit Suzanne Aubry, présidente de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ). Luc Fortin, président de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ), se dit pour sa part « agréablement surpris » du soutien « impressionnant » des Québécois.

Le sondage Léger, réalisé entre le 11 et le 14 mars auprès de 1009 résidants du Québec, indique que presque trois Québécois sur quatre (73 %) jugent inacceptable que certains artistes travaillent parfois sans contrat ou sans que des conditions de travail minimales soient respectées. Près de deux personnes sur trois ne trouvent par ailleurs pas acceptable que le revenu annuel médian des artistes soit inférieur à 25 000 $ au Québec.

Suzanne Aubry croit que la population a été très sensible à l’injustice et au manque de cadre régissant les conditions de travail des créateurs. La vaste majorité des Québécois juge en effet que les artistes devraient avoir des conditions de travail minimales négociées (84 %), avoir les mêmes droits et protections que les autres travailleurs (83 %), que les producteurs qui ne respectent pas les conditions minimales de travail ne devraient pas avoir accès au financement public (84 %) et que le gouvernement et les sociétés publiques devraient s’en assurer (84 %).

Extraits du sondage
  • Extrait du sondage

    IMAGE TIRÉE DU RAPPORT DU SONDAGE CONDITIONS DE TRAVAIL DES ARTISTES DU QUÉBEC, RÉALISÉ PAR LA FIRME LÉGER

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Partout au Québec, on se rend compte que les artistes ont besoin d’être mieux traités, d’avoir une meilleure sécurité d’emploi, un meilleur niveau de vie, qu’ils sont importants dans la société.

Luc Fortin, président de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec

Tant à la GMMQ qu’à l’UNEQ, on croit que la pandémie a pu contribuer à sensibiliser la population à la précarité du milieu artistique, qui a été parmi les plus touchés par les restrictions sanitaires ces deux dernières années. Christian Bourque, de la firme Léger, avance aussi cette hypothèse, mais précise que l’appui aux artistes, notamment en ce qui a trait à leur rôle identitaire, est « toujours élevé ».

L’UNEQ, la GMMQ, ainsi que les sept autres associations regroupant plus de 26 000 professionnels des arts de la scène, des artisans de la télévision et du cinéma, des auteurs et des interprètes, estiment que ce sondage va donner du poids à leur demande. « J’espère que ça va pousser le gouvernement à terminer le travail sur la loi sur le statut de l’artiste de façon prioritaire », résume Luc Fortin.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La présidente de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), Suzanne Aubry

Suzanne Aubry s’attend à ce que la loi soit déposée à la fin d’avril au plus tard. « C’est vrai que les délais sont très serrés, convient-elle. Ça devient vraiment une question de volonté politique. » Encore une fois, la population est derrière les artistes : 75 % des Québécois trouvent que le gouvernement Legault doit tenir sa promesse de voter cette réforme avant la fin de son premier mandat, selon le sondage Léger. Le milieu culturel ne se contentera pas de se faire dire que la promesse a été tenue seulement parce qu’un projet de loi a été déposé, assure la présidente de l’UNEQ. « Il faut l’adopter », dit-elle.

Selon nos informations, la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, déposera d’ici la fin du mois sa réforme des lois sur le statut de l’artiste. Il y a toutefois peu de chances que le projet de loi soit adopté d’ici la fin de la session de l’Assemblée nationale, le 10 juin – la dernière session avant les élections générales du 3 octobre.

Non seulement le texte législatif sera déposé plutôt tardivement, mais la commission parlementaire de la culture et de l’éducation, qui sera chargée de l’étudier, a déjà bien des fers au feu. Elle doit terminer l’étude – très longue – de la réforme de la loi 101, elle a le mandat de terminer l’examen du projet de loi sur le Protecteur de l’élève du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, et elle tiendra des consultations sur un autre projet de loi, déposé la semaine dernière par la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, sur la liberté d’enseignement dans les universités.

C’est sans compter le temps que la commission devra consacrer à l’étude des crédits budgétaires, un exercice annuel qui suit le dépôt du budget. Il y a beaucoup de pain sur la planche pour seulement sept semaines de travaux.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse

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