Paul McCartney sans sa basse Höfner, en forme de violon, n'est pas tout à fait Paul McCartney. Pourtant, c'est bien malgré lui que le Beatle s'est chargé de jouer de cet instrument au sein des Fab Four...

Paul McCartney sans sa basse Höfner, en forme de violon, n'est pas tout à fait Paul McCartney. Pourtant, c'est bien malgré lui que le Beatle s'est chargé de jouer de cet instrument au sein des Fab Four...

«Aucun d'entre nous ne voulait être bassiste, a raconté Sir Paul, dans une entrevue à la revue Bass Player, en 1995. Ce n'était pas le boulot numéro un: nous voulions être en vedette. Dans notre tête, c'était le gros du groupe qui finissait presque toujours par jouer de la basse et qui était à l'arrière-scène. Aucun de nous ne voulait ça; nous voulions être sous les projecteurs, chanter, bien paraître et séduire les filles.»

En 1957, Macca rejoint les Quarrymen, aux côtés de John Lennon, en croyant bien avoir droit au rôle de guitariste soliste. Une mauvaise performance en spectacle en décidera autrement. N'empêche que, quand les Beatles prennent forme avec John et George Harrison trois ans plus tard, il continue de gratter la six cordes jusqu'à ce que son instrument, de piètre qualité, l'abandonne au beau milieu d'une série de spectacles à Hambourg.

À cette époque, c'est Stuart Sutcliffe, un ami de John, qui pince les quatre cordes de la basse, tandis que Pete Best manie les baguettes de la batterie. Paul décide donc de se faire pianiste, sur une base temporaire. Mais quand Sutcliffe, qui était nettement plus doué en arts visuels qu'en musique, décide de quitter la troupe afin de suivre sa compagne, la photographe Astrid Kirchherr, c'est McCartney qui prendra la relève. La tâche représentera d'abord un défi pour le musicien gaucher.

«Quand il est devenu évident que Stu allait partir à cause d'Astrid, je lui ai demandé de me prêter sa basse pendant la période de transition, se remémore-t-il dans Anthology. Pour moi, elle était montée à l'envers, mais je ne pouvais pas inverser les cordes, au cas où il aurait voulu en rejouer. Mais j'avais de toute façon appris à jouer de la guitare à l'envers, parce que John ne voulait jamais que j'inverse les cordes de sa guitare, et George non plus - ça les fatiguait de devoir les remettre à l'endroit.»

Son rôle de bassiste clairement établi, Paul se magasine une basse. En 1961, tandis qu'il est à Hambourg, il met la main sur une basse-violon de Höfner, modèle 500/1. Elle deviendra son instrument de prédilection sur scène comme en studio, même s'il fera appel à d'autres modèles. «La Höfner était si légère qu'on pouvait en jouer comme s'il s'agissait d'une guitare, expliquait-il à Bass Player. (...) Ça permettait de jouer n'importe où sur le manche. Vraiment, ça laissait beaucoup de liberté.»

L'éternel multi-instrumentiste

De figure imposée, le travail de bassiste est devenu quelque chose de stimulant pour le musicien. Il y a en effet trouvé la latitude pour s'exprimer et innover, développant un jeu riche et original, notamment à partir du milieu des années 60. Dès lors, les pièces où l'on peut remarquer les lignes inventives de basse se multiplient, d'autant qu'un soin grandissant est apporté au son de son instrument, en studio.

Si son intérêt pour la basse va grandissant, McCartney n'abandonnera jamais la guitare, ni le piano. Celui qui s'était initié à la musique par la trompette en viendra à jouer de tous les instruments nécessaires pour bâtir ses chansons. Mieux, il n'hésitera pas à se faire homme-orchestre lors de ses séances d'enregistrement. C'est d'ailleurs à lui qu'on doit le solo de Taxman, livré alors qu'il tentait d'expliquer à George une idée qu'il avait en tête. Dans ce contexte, il ne faut pas s'étonner d'entendre Macca se charger de tous les instruments sur son premier album solo, McCartney, en 1970. Encore récemment, il s'est plu à devenir homme à tout faire sur Chaos and Creation in the Backyard (2005), rappelant comment il est doué, surtout qu'il ne s'évertue pas à jouer quotidiennement lorsqu'une tournée ou l'enregistrement d'un album ne le contraint pas.

"Non, (je ne joue) pas tous les jours, confiait-il au Rolling Stone, en 2005. Je ne suis pas très fort sur les répétitions. Nous n'étions pas axés sur les répétitions. Les Beatles se réunissaient environ une journée avant de partir en tournée, pour être certains que les amplificateurs fonctionnaient. Désormais, je peux en faire pendant deux semaines, simplement parce que je suis le chanteur et que c'est quelque chose d'important."