Au cours des dernières semaines, Monia Chokri a enchaîné deux tournages en France, le téléfilm Clemenceau et Gare du Nord, quatrième long métrage de la réalisatrice Claire Simon. Jointe lundi à Paris, la comédienne québécoise parle avec affection de ce film. Au ton de sa voix, on sent que la rencontre a été marquante, tant avec Claire Simon qu'avec ce lieu mythique, véritable microcosme de l'Europe.

Située rive droite, dans le 10e arrondissement, la gare du Nord est un des carrefours de la France et même de l'Europe. Ici convergent, se croisent et repartent dans tous les sens des lignes de métro et de RER (trains de banlieue parisiens), l'Eurostar vers Londres, des trains pour des pays limitrophes.

C'est aussi ici que convergent, se croisent et se toisent, avant de repartir dans toutes les directions ou faire du surplace, des milliers de représentants d'une faune humaine hétéroclite.

«La gare du Nord est un endroit immense qui a sa vie propre. C'est un microcosme, dit la comédienne Monia Chokri, qui tient un des rôles principaux dans Gare du Nord, nouveau film de Claire Simon (Les bureaux de Dieu), actuellement en tournage. Riches comme pauvres y passent. Il y a des Roms, des clochards, des prostituées, des gens qui tiennent boutique, des jeunes qui se draguent, d'autres qui font du business.»

Claire Simon s'est intéressée à cette société. «La gare du Nord est complètement babélienne», disait-elle récemment en entrevue au site critikat.com. Le sujet cadrait parfaitement avec ses intérêts de documentariste. «Claire est une grande réalisatrice de documentaires, dit Mme Chokri. Depuis quelques années, elle s'est mise à la fiction. Son travail est toujours à la frontière entre ces deux genres.»

Ce sera encore le cas ici. Outre les quatre personnages principaux (interprétés par François Damiens, Nicole Garcia, Reda Kateb et Monia Chokri), la distribution comprendra plusieurs acteurs non professionnels que la réalisatrice a recrutés sur place. «Par exemple, il y a eu une scène avec une vraie dame-pipi de la gare. J'ai aussi une scène avec des Roms, dit la comédienne. Claire travaille toujours comme ça. Elle fait beaucoup répéter les gens découverts en casting sauvage. Ils sont fascinants de justesse. C'est enrichissant! Un vrai travail d'acteur.»

Dans ce film qu'elle qualifie de «fellinien, épique et onirique», Mme Chokri interprète Joan, agente immobilière toujours en transit. «Joan est la représentante typique de la nouvelle classe moyenne européenne aux prises avec des problèmes de chômage, etc., décrit la comédienne. Elle vit à Lille et son mari est sans emploi. Elle passe beaucoup de temps à la gare du Nord, où passent des patrons, des clients, etc. Très fermée sur elle-même au début, elle va apprendre à s'ouvrir aux autres.»

La boîte Productions Thalie de Québec participe au projet. Outre Monia Chokri, deux techniciens québécois au son font partie de l'équipe.

Clemenceau

Monia Chokri a également participé au tournage de Clemenceau, téléfilm d'Olivier Guignard pour France 3 dans lequel le comédien Didier Bezace (L'exercice de l'État, L.627) tient le rôle du Tigre, surnom du célèbre homme politique.

Encore une fois, Monia Chokri interprète ici un rôle central, à savoir celui de Charlotte Beauséjour, journaliste québécoise débarquée en France pour documenter les dernières années de Georges Clemenceau, de la fin de la Première Guerre mondiale, d'où il ressortit auréolé de gloire, à 1929, année de sa mort.

«J'étais la seule fille de l'histoire, entourée d'hommes politiques, rigole la comédienne. Dans ce téléfilm où je représente le point de vue du spectateur, je suis le seul personnage fictif. J'incarne une jeune journaliste un peu délurée qui vient en France pour écrire un livre sur Clemenceau, à qui elle voue de l'admiration. Je fais le pont entre la vie de Clemenceau et les années 20 à Paris.»

Clemenceau a laissé un souvenir mitigé de ses dernières années politiques. Qualifié de «Père la Victoire» en 1918, ce président du Conseil, ami de Monet et homme de gauche, s'est fait de nombreux ennemis politiques, tant à gauche qu'à droite.

Monia Chokri rentrera au Québec dans quelques jours afin de participer à la promotion du film Laurence Anyways de Xavier Dolan, en plus de faire du travail en amont du tournage de la troisième saison du Gentleman, à laquelle elle participe. Par la suite, elle s'envolera pour Cannes et retournera à Paris pour Gare du Nord, dont le tournage se termine le 8 juin.