Une bagarre violente entre deux étudiantes ontariennes, filmée et mise en ligne sur le populaire site Web YouTube, illustre la nouvelle dimension qu'apporte l'Internet au problème de la violence à l'école, affirment différents experts

Une bagarre violente entre deux étudiantes ontariennes, filmée et mise en ligne sur le populaire site Web YouTube, illustre la nouvelle dimension qu'apporte l'Internet au problème de la violence à l'école, affirment différents experts

La bagarre semble avoir été filmée dans une école secondaire de North Bay, en Ontario, à environ 350 kilomètres au nord de Toronto. La vidéo montre une étudiante en agresser sauvagement, et apparemment sans raison, une autre, et lui asséner une quarantaine de coups en moins de 30 secondes.

Des douzaines d'autres étudiants ont été témoins de la scène, mais personne n'est intervenu pour y mettre fin. Bien au contraire, on peut même en entendre certains encourager les combattantes. La police de North Bay fait enquête, mais aucune accusation n'a encore été portée.

La vidéo n'est pas la seule en son genre sur YouTube. Des centaines d'autres clips du même genre y sont offerts, étalant au grand jour la violence qui prévaut à l'école depuis toujours. La technologie y ajoute toutefois quelque chose de nouveau, disent les experts.

«Si tu veux humilier quelqu'un, lui donner une râclée et le filmer et ensuite mettre la vidéo sur le Web à l'intention du monde entier, c'est une méthode d'humiliation passablement efficace», a expliqué le professeur Jordan Peterson, qui enseigne la psychologie à l'Université de Toronto.

La notoriété peut être très alléchante pour les auteurs de ces vidéos, affirme de son côté Raymond Corrado, qui enseigne la criminologie et étudie la violence chez les jeunes à l'université Simon Fraser, en Colombie-Britannique.

«Aux yeux de leurs pairs, c'est une preuve de violence et d'intimidation, et pour les intimideurs, c'est un moyen de rehausser leur réputation, a-t-il dit. C'est très attirant pour ces jeunes de penser qu'ils ont une réputation nationale pour être des durs.»

De même, le fait d'afficher ces images sur Internet démontre à quel point les jeunes peuvent se sentir invulnérables.

«Ca prouve à quel point les adolescents ne réfléchissent pas aux conséquences, a-t-il précisé. Si c'est filmé, tout devient clair pour la police.»

Sybille Artz, de l'Université de Victoria, explique quant à elle que certaines filles utilisent la violence pour se rendre «sexy».

«Je crois que les parents doivent davantage prendre conscience qu'une bonne partie de la vie de leurs enfants se déroule dans le cyberespace, a-t-elle précisé. C'est ridicule de leur accorder autant de temps seuls à l'ordinateur, sans surveillance.»