Internet n'a pas provoqué la mort des livres, comme le prédisaient les plus alarmistes il y a 10 ans. La bataille engagée par les librairies pour vendre leurs bouquins sur Internet est toutefois féroce, et aucun gagnant ne se dessine clairement.

Internet n'a pas provoqué la mort des livres, comme le prédisaient les plus alarmistes il y a 10 ans. La bataille engagée par les librairies pour vendre leurs bouquins sur Internet est toutefois féroce, et aucun gagnant ne se dessine clairement.

C'est ce qui ressort d'une vaste étude, intitulée Webperform, menée auprès de 1110 internautes canadiens par Léger Marketing et HEC Montréal. Les participants devaient évaluer les sites Web d'Archambault, Renaud-Bray, Chapters-Indigo et Amazon en vertu de cinq critères précis.

Aux fins de l'étude, les internautes ont reçu comme mission de trouver le prix de vente du Petit Larousse illustré 2007 et du Canadian Oxford Dictionary. En moyenne, 77% d'entre eux ont réussi à s'acquitter de la tâche. Leur appréciation générale des sites varie entre 4,71 et 5 sur un total de 7, un score très serré.

«C'est très uniforme, mais ce n'est pas surprenant», dit Jacques Nantel, professeur titulaire de la chaire de commerce électronique RBC Groupe Financier, à HEC Montréal.

Au final, Amazon, société américaine spécialisée dans la vente en ligne valant 16,5 milliards US en Bourse, aura obtenu l'évaluation la plus positive à trois critères sur cinq. «Amazon est probablement le site qui a défini la façon de procéder, dit M. Nantel. Un peu comme avec les banques, il y a une très forte convergence dans l'architecture des sites.»

La bonne performance d'Amazon.ca vient aussi démontrer que les Canadiens et Québécois accordent peu d'importance à l'emplacement géographique d'une entreprise quand vient le temps d'acheter en ligne. Surtout quand les sites Web offrent des versions françaises et des produits québécois, comme c'est le cas avec Amazon.

«Ça vient confirmer quatre ans de recherche, chez nous, où on dit que ce que ce n'est pas tant l'aspect du caractère local qui sera important à terme, mais plutôt la façon de configurer son offre, souligne Jacques Nantel. On a ici un exemple qui est assez éloquent.»

Médias en ligne

Dans le cadre d'une autre étude, les chercheurs de Léger Marketing et HEC Montréal ont demandé à 1270 internautes de se pencher sur les sites Web de grands médias canadiens. Les participants devaient simplement trouver la principale manchette économique au moment de leur visite.

Les sites Cbc.ca, Radio-canada.ca, Cyberpresse.ca (membre du groupe Gesca, propriétaire de La Presse), Canoe.ca Argent et Canoe.ca Money (tous deux propriété de Quebecor) et Canada.com (CanWest) ont été soumis à l'exercice. Le degré de réussite des internautes varie beaucoup.

Cyberpresse a obtenu la meilleure note pour tous les critères évaluées, soit la qualité de l'information, l'esthétisme, l'interactivité, la facilité d'utilisation et la sécurité. «J'attribue beaucoup ce score à l'esthétisme», observe Serge Lafrance, vice-président, marketing, chez Léger Marketing.

Le site Canada.com, de son côté, a obtenu le score global le plus faible (3,63/7) et la pire évaluation à presque tous les chapitres. Mais, paradoxalement, c'est sur ce site que les participants ont été les plus nombreux à réussir la tâche demandée par les chercheurs, à 57%.

«On est très fonctionnels pour aller chercher l'information, mais le site n'est pas apprécié pour son esthétisme et sa facilité d'utilisation», souligne Serge Lafrance.

Enfin, les sites anglais et français de Canoë ont obtenu des résultats inférieurs à la moyenne, note l'étude.

L'outil Webperform a été créé par les chercheurs de la chaire RBC Groupe financier de HEC Montréal. Il s'agit d'une méthodologie visant à mesurer la qualité des sites Web de consommation, peu étudiés jusqu'à maintenant. Au cours des derniers mois, la firme Léger Marketing et HEC Montréal ont mené conjointement une série d'enquêtes auprès de milliers d'internautes canadiens, dont les résultats et l'analyse sont publiés dans La Presse Affaires.