Des dépôts-vente d'un nouveau genre s'ouvrent en ville depuis quelques mois : leur objectif, revendre pour le compte d'un particulier et au meilleur prix n'importe quel objet, mais exclusivement sur eBay, le plus important site internet marchand en France.

Des dépôts-vente d'un nouveau genre s'ouvrent en ville depuis quelques mois : leur objectif, revendre pour le compte d'un particulier et au meilleur prix n'importe quel objet, mais exclusivement sur eBay, le plus important site internet marchand en France.

Avec plus de 20 millions de visiteurs au premier semestre, eBay est de loin le plus utilisé en France. Par enchères ou à prix fixe, tout peut y être vendu et acheté, objets de collection, outils informatiques, vêtements, places de spectacle, voitures...

«Acheter sur eBay est très simple. Par contre vendre, c'est bien plus difficile», souligne Stéphane Boutboul, responsable d'un dépôt-vente à Antony (Hauts-de-Seine), créé il y a un an.

«Le premier frein, qui rebute beaucoup de vendeurs potentiels, c'est le fait de devoir laisser le numéro de sa carte bleue sans savoir de quel montant il sera débité», selon lui.

La grille tarifaire d'eBay est en effet complexe. Le vendeur doit s'acquitter de frais d'insertion (à partir de 15 centimes) dont le montant dépend du prix de départ, mais aussi d'une commission, dont le pourcentage (5,25%, puis régréssif) varie selon le prix final.

Le vendeur potentiel doit également rédiger une annonce alléchante, faire de belles photos, s'occuper de la livraison, etc. «Les gens ne veulent pas s'embêter. Ils préfèrent se tourner vers nous», explique M. Boutboul, qui prélève 30% de commissions sur un produit vendu moins de 500 euros* et 25% pour ceux cédés entre 500 et 1500.

«C'est un phénomène nouveau, nous ne sommes pas nombreux à le faire», pense-t-il. Pourtant, à en croire eBay France, 150 dépôts-vente ont été recensés dans l'Hexagone, dont les propriétaires en font leur métier principal. Ce phénomène, apparu d'abord en 2002 aux États-Unis, est né indépendamment d'eBay, à l'initiative de ses clients.

«C'est une affaire rentable», affirme Clément Sirba, qui a lancé son magasin à la mi-septembre dans le centre-ville de Toulouse. Avec 10 ventes par jour actuellement, il espère atteindre un rythme de croisière à 30 opérations quotidiennes.

Sa société, «Mondialenchère», prélève une commission de 29% sur des ventes inférieures à 150 euros, de 24% sur celles entre 150 et 500 euros et 19% au-delà de 500 euros.

Des PME sans expérience en matière de cyber-commerce passent également par ces dépôts-vente, tout comme des magasins qui veulent déstocker.

«Vendre des autos-motos est plus intéressant que les petits objets», estime Julien Galoin, à la tête d'e-bayonne (Pyrénées Atlantiques), un dépôt-vente qui a vendu près de 250 véhicules depuis sa création début 2006.

Sur un véhicule vendu 9000 euros, M. Galoin perçoit 3% de commissions. Une affaire fructueuse pour lui, étant donné qu'eBay de son côté n'exige pour les automobiles qu'un montant d'insertion fixe de 9 euros et une commission finale de 25 euros.

Cependant, le succès n'est pas garanti. D'ailleurs, la société Cvendu, initiatrice du mouvement en France en été 2004, vient de faire faillite.

«Il y a énormément de difficultés à faire marcher ce système. Il faut être bien organisé», souligne David Chilloux, directeur commercial d'EnchereExpert. Dans cette optique, il a mis en place un logiciel spécial pour suivre l'ensemble des phases de la vente.

En outre, «il faut savoir expertiser un objet, donner le bon prix, stocker de façon intelligente, gérer les objets qui ne se vendent pas, ainsi que les impayés», ajoute-t-il. EnchereExpert, qui compte trois magasins actuellement, envisage d'en ouvrir un par mois en 2007.

* un euro = 1,4240$ CA