La Chine a décidé de différer l'installation sur son territoire d'un logiciel de filtrage des contenus pornographiques sur internet, projet qui a suscité une controverse dans le pays et à l'étranger, a annoncé mardi l'agence officielle Chine Nouvelle.

La Chine, qui compte le plus grand nombre d'internautes dans le monde (près de 300 millions), souhaitait imposer l'installation de ce logiciel, «Barrage vert d'escorte de la jeunesse», sur tous les ordinateurs vendus sur son territoire à partir du 1er juillet, officiellement pour protéger la jeunesse.Elle a décidé d'en repousser l'installation, a indiqué Chine Nouvelle citant le ministère de l'Industrie et de la Technologie de l'information, sans apporter aucune précision.

L'annonce de cette mesure par des fabricants d'ordinateurs avait suscité l'inquiétude en Chine, où un avocat a saisi le gouvernement et demandé l'ouverture d'auditions publiques sur la mesure en préparation, et un tollé à l'étranger.

Les autorités américaines ont écrit au gouvernement chinois pour l'exhorter à renoncer à imposer le logiciel de filtrage tandis que vendredi, la Commission européenne l'appelait à reporter son projet, estimant qu'il visait à «censurer» la toile et à «limiter la liberté d'expression».

«L'objectif de ce filtre d'internet, contrairement à ce que les autorités chinoises affirment, est clairement de censurer internet et de limiter la liberté d'expression», a indiqué la Commission européenne dans une réaction envoyée à l'AFP.

Pour sa part, le géant américain des logiciels Microsoft, dont les systèmes d'exploitation Windows équipent 90% des ordinateurs dans le monde, a invoqué la liberté d'expression face au projet chinois.

La Chine est souvent mise en cause par des groupes de défense des Droits de l'homme pour sa censure de l'internet lorsque les informations sont politiquement sensibles: critiques du gouvernement, informations sur le mouvement interdit Falungong ou sur la répression des manifestations en faveur de la démocratie en 1989, place Tiananmen.

L'affaire du logiciel s'est en outre corsée quand une petite société informatique américaine a accusé «Barrage vert d'escorte de la jeunesse» d'être une version piratée d'un de leur produit.

D'après cette société, Solid Oak, le concepteur du logiciel chinois a recopié des codes de son logiciel «CyberSitter» de contrôle parental, allant jusqu'à distribuer la notice rédigée par elle.

Le concepteur du logiciel chinois «Barrage vert...», Jinhui Computer System Engineering Inc, a démenti ces accusations.