Avec son scénario fantastique assez convenu, le 20opus de la franchise Zelda pourrait n’être qu’un énième jeu de rôle où alternent combats, quêtes de nourriture et d’améliorations d’armes. Mais The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom est si inventif et surprenant qu’on tombe sous le charme.

Pas facile de redonner du tonus à une franchise datant de 1986 et de satisfaire une industrie qui vous a octroyé le Game Award du jeu le plus attendu en 2022. Encore plus périlleux de succéder à ce que beaucoup considèrent comme la meilleure exclusivité Nintendo, sinon de toutes les consoles, Breath of the Wild. Les joueurs pourront juger du résultat le 12 mai prochain avec l’arrivée sur les tablettes de la suite des aventures de Link, The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom.

Ce qui devait n’être qu’une suite de DLC a donné lieu à un tel débordement d’idées qu’il a fallu concevoir un nouveau jeu, comme l’a précisé le producteur Eiji Aonuma en 2019.

Du ciel à la terre

On n’a aucune difficulté à le croire après avoir passé une vingtaine d’heures dans ce monde ouvert d’inspiration médiévale plongé dans le fantastique.

CAPTURE D’ÉCRAN

Le point de départ, c’est la découverte par la princesse Zelda et de Link d’une fresque cachée sous le château racontant une guerre ancestrale. Zelda disparaît et c’est à Link, corrompu par une puissance maléfique qui lui a fait perdre force et pouvoir, de la retrouver.

La première partie est tout simplement magnifique, alors qu’on est envoyé dans le ciel du royaume d’Hyrule où il faut sauter d’île flottante en île flottante. Les passages sont mystérieux, on ne sait jamais trop, même si on les voit sur une carte, comment aller d’une à l’autre avant de découvrir les méthodes appropriées. Le cœur de la mission, c’est de repérer des sanctuaires qui donneront une « lueur bienfaisante ». Pour quitter le ciel d’Hyrule et passer à la deuxième partie, il faut récolter quatre de ces lueurs en résolvant les énigmes des sanctuaires.

Et elles sont parfois corsées, ces énigmes, nécessitant plusieurs tentatives pour trouver le bon alignement, comprendre à quoi servent les accessoires disponibles. Un mauvais angle, un outil mal utilisé et tout s’écroule. Les concepteurs ont pris un malin plaisir à brouiller les pistes, alors que la solution est parfois d’une simplicité enfantine, mais noyée sous plusieurs possibilités. Nous ne dévoilerons pas les clés, mais, après en avoir résolu une douzaine, nous avons eu droit à toutes les gammes de difficultés.

CAPTURE D’ÉCEAN

Il suffit parfois d’un entraînement simple au lancer ou au combat pour gagner la lueur. D’autres fois, il faut jouer avec ses nouveaux pouvoirs pour passer à travers les murs, déplacer et coller des objets, en faire des véhicules ou des supports pour résoudre l’énigme.

Réinventer le genre

La quête des sanctuaires est essentielle, mais c’est avec les objets collectés que Link peut continuer sa mission. On connaît le concept habituel dans les RPG des fruits, animaux et objets divers qu’on peut trouver dans les tableaux visités. The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom le réinvente complètement. Les pommes, poissons et renards attrapés peuvent vous redonner de la santé, mais ils sont encore plus efficaces si vous les faites cuire. Vous apprendrez à faire votre propre feu, à utiliser ou installer votre marmite pour cuisiner, à utiliser fruits et artefacts pour résoudre des énigmes et améliorer les armes. Et là, c’est l’explosion d’inventivité : on peut mélanger à qui mieux mieux tous les ingrédients trouvés, les insectes et les fioles, pour obtenir de nouveaux plats aux propriétés étonnantes. Les recettes sont ensuite consignées pour pouvoir être réutilisées. Certaines vous permettent de résister au froid dans les montagnes, d’autres vous redonnent de l’endurance quand vous grimpez ou nagez, ou de la force, ou de la discrétion pour attraper un cheval sauvage ou surprendre vos ennemis.

CAPTURE D’ÉCRAN

Enfin, Link dispose graduellement de pouvoirs délirants qui serviront à résoudre les énigmes ou à battre les ennemis – ce qui n’est pas la préoccupation centrale dans ce jeu. Avec l’Emprise, vous pouvez saisir et tourner les objets dans les airs et les coller. L’Amalgame est utile pour créer de nouvelles armes, l’Infiltration permet de passer dans le plafond et la Rétrospective force les objets à inverser leur mouvement.

Les combats peuvent être assez corsés, surtout quand on affronte sans armure des monstres et des « boss » qui ne veulent pas mourir. Mais on est peu encouragé à éliminer les ennemis à tout bout de champ, parce qu’ils demandent énormément de munitions et de ressources sans donner beaucoup de récompenses.

Et si on s’extasie souvent devant l’ingéniosité des concepteurs, l’originalité inégalée de leurs trouvailles, on regrette parfois qu’un lien narratif prenant ne vienne pas relancer notre intérêt. Résoudre des énigmes, découvrir de nouvelles armes ou des recettes, en apprendre sur l’histoire d’Hyrule et de sa faune fantastique, c’est bien, mais on aimerait le faire dans un but plus inspirant.

The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom

Éditeur et développeur : Nintendo

Date de sortie : 12 mai 2023

Prix : 89,99 $

Note : 8,5 sur 10

Essayé sur une Nintendo Switch avec une copie fournie par Nintendo

Consultez la page officielle de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom