La décision de Québecor, qui entraînera logiquement une baisse des cotes d'écoute de TVA Sports durant les séries éliminatoires, pourrait rediriger des revenus publicitaires vers Google et Facebook.

« Comme un peu tout le monde, les annonceurs sont pris en otage par cette prise de bec entre les deux entreprises », estime Axel Dumont, vice-président principal et directeur général, Québec et Est canadien, de l'agence de placement Cossette Média.

Qu'arrive-t-il aux NAPA, Loto-Québec et Chevrolet qui annoncent sur une chaîne pour un auditoire estimé et qui ne l'obtiennent pas pour une émission ? Normalement, les annonceurs reçoivent une compensation. Ils payent pour ce qu'ils obtiennent et les chaînes rediffusent ailleurs leurs pubs, dans d'autres émissions par exemple, pour combler le manque à gagner.

« Québecor devrait être capable de compenser sur les ondes de TVA Sports, donc de rejoindre toujours un téléspectateur qui aime le sport, explique Michèle Savard, vice-présidente principale de l'agence de placement média Carat. Si l'annonceur recherchait un environnement spécifiquement hockey, il pourrait augmenter la fréquence de diffusion durant les matchs, si l'inventaire est disponible. On s'entend que Bell a 35 % des parts des câblos au Québec et que ce ne sont pas tous les abonnés de Bell qui payent pour TVA Sports. La perte d'auditoire sera d'un maximum de 35 %. »

L'annonceur, qui ne perd pas d'argent dans de telles situations, veut quand même des résultats. 

« Mais en fin de saison, ce n'est pas toujours facile de replacer des pubs », soutient Mathieu Bédard, président de l'agence de pub Camden.

« Contrairement à ce qu'on croit, la télé est encore hautement considérée par les annonceurs, ajoute Axel Dumont. Mais présentement, les inventaires sont rares. On avait réservé de la pub pour ce soir [hier]. L'auditoire des séries intéresse les annonceurs et les téléspectateurs même si le Canadien n'y est pas. »

M. Dumont souligne que les agences médias devront se retourner rapidement pour trouver d'autres endroits où placer les publicités de leurs clients-annonceurs. « Des Google et Facebook risquent d'en profiter, car elles ont de l'inventaire, dit Axel Dumont. On va aller sur des valeurs sûres. Ça va contribuer à appauvrir le soutien à la création de contenus de qualité francophones. C'est contre-productif et dramatique. »

« En fin de compte, ça vient miner la télé comme choix média », juge Mathieu Bédard.

Cela dit, le stock d'espaces publicitaires d'avril et de mai sur TVA Sports n'est pas en rupture, au dire de Carat. « Les annonceurs sont pris là-dedans, mais l'impact n'est pas si grand, comme le Canadien ne fait pas les séries, juge Michèle Savard. Québecor nous a dit : attendons les résultats d'écoute de ce soir [hier] pour voir comment on va compenser. Reste que l'impact serait plus grand sur une chaîne principale. »