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J’ai des problèmes à comprendre les actions privilégiées. J’en ai dans mon portefeuille (achetées par mon ancien conseiller). Dans la description, il y a un rendement en pourcentage et une période de 5 ans. Je ne sais pas si je dois les garder jusqu’à maturité ou si je dois les vendre. Pouvez-vous expliquer le fonctionnement et surtout quand vendre et dans quelles circonstances ? – Françoise Goes

Les actions privilégiées sont à la base un outil de financement utilisé principalement au pays par les grandes banques, les assureurs, certaines entreprises de services publics (BCE par exemple), du secteur de l’énergie (TC Energy et Enbridge notamment) et de grands conglomérats tels Power Corporation et Brookfield.

Les actions privilégiées se vendent en Bourse comme les actions ordinaires, mais comme les obligations, elles versent des revenus périodiques qui sont appelés des dividendes. Pour les distinguer, les lettres « PR » sont adossées au symbole boursier des actions privilégiées

Pour un investisseur patient à la recherche d’un revenu et qui comprend que son investissement est adossé à un émetteur ayant une cote de crédit solide, l’action privilégiée peut être une catégorie d’actifs intéressante au niveau actuel.

Chaque émission d’actions privilégiées est unique et possède un prospectus dans lequel les règles du jeu sont expliquées.

Il y a celles qu’on appelle communément les « perpétuelles », qui n’ont pas d’échéance déterminée et qui, comme leur nom l’indique, versent des dividendes fixes à perpétuité.

Il y a aussi celles à taux rajusté où le taux des dividendes est déterminé au moment de l’émission pour une durée de cinq ans. Le taux est réinitialisé tous les cinq ans selon le taux d’intérêt canadien de 5 ans en vigueur, majoré d’une prime de rendement stipulée dans le contrat.

Prenons l’exemple d’un cas réel, celui d’une grande institution financière qui a procédé à une émission d’actions privilégiées à l’été 2014. Tous les cinq ans, elle a l’option de les racheter. Si elle rachète ces actions, elle doit payer la valeur nominale qui est la valeur à l’émission, c’est-à-dire 25 $.

Si elle décide de ne pas exercer son droit de rachat à 25 $, le dividende est recalculé pour une période de cinq ans.

Ce qui crée une occasion actuellement est le fait que la valeur des actions privilégiées a beaucoup baissé. Celle de notre exemple a reculé à 17 $ depuis son émission à 25 $ il y a plus de neuf ans.

Les taux sur ces actions privilégiées devront être rajustés l’été prochain. Ils avaient été réinitialisés une première fois pour cinq ans en juillet 2019 alors que le taux sur les obligations du Canada 5 ans utilisé comme référence était à seulement 1,39 %.

Si les taux 5 ans au pays demeurent près de leur niveau actuel d’approximativement 4 %, le dividende sur ces actions privilégiées sera fortement rehaussé pour les cinq autres années à un taux frôlant les 9 % au prix actuel de 17 $.

C’est un rendement plus qu’intéressant pour la qualité de l’émetteur, souligne le gestionnaire de portefeuille Daniel Ouellet, du Groupe Ouellet-Bolduc, affilié à Desjardins.

« Considérant la valeur nominale de 25 $, le prix actuel de 17 $ offre à un investisseur patient et en mesure de penser à contre-courant, un revenu de dividende fort élevé, fiscalement avantageux en plus d’un potentiel d’appréciation », ajoute celui qui voit une opportunité à saisir présentement avec certaines actions privilégiées.

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