(New York) La Bourse de New York a terminé proche de l’équilibre vendredi, après avoir digéré de bons chiffres de l’emploi qui lui avaient initialement fait craindre un durcissement de la politique monétaire américaine.

Le Dow Jones a gagné 0,10 %, tandis que l’indice NASDAQ a perdu 0,18 % et que l’indice élargi S&P 500 s’est légèrement effrité de 0,12 %.

Wall Street avait ouvert en net repli en apprenant que l’économie américaine avait créé 263 000 emplois en net en novembre, soit bien plus que les 200 000 attendus par les économistes.

« Ces chiffres sont le signe que (la banque centrale américaine) n’est pas sortie d’affaires », a commenté Charlie Ripley, d’Allianz Investment Management. « Nous nous attendons à ce que le resserrement monétaire se poursuive l’année prochaine. »

« Le point qui était particulièrement ennuyeux pour le marché, et pour la Fed (banque centrale américaine), c’est que le salaire moyen a augmenté, plutôt que de se stabiliser », a souligné Quincy Krosby, de LPL Financial.

Le salaire moyen a, en effet, progressé de 0,6 % sur un mois, soit le double de ce qui était anticipé.

Signe de la crispation initiale de la place new-yorkaise, les taux obligataires se sont envolés, dans un premier temps.

Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans a atteint 3,63 %, contre 3,50 % la veille, avant de retomber, tout aussi brutalement, jusqu’à 3,46 %, son plus bas niveau depuis près de deux mois et demi.

Au fil des heures, les opérateurs ont revu leur jugement et finalement accueilli plutôt favorablement ces nouvelles d’un marché de l’emploi toujours vigoureux, malgré une série de hausses de taux de la Fed et un début de ralentissement économique.

« Ce rapport est un développement positif pour l’économie et accrédite l’hypothèse que la Fed pourrait réussir à faire atterrir l’économie américaine en douceur », a fait valoir Peter Essele, de Commonwealth Financial Network.

« Les investisseurs réalisent que le rythme de créations d’emplois continue à décélérer », même s’il reste plus élevé que prévu, « ce qui offre le luxe à la Fed de continuer à remonter ses taux, à un rythme plus modéré », a avancé Quincy Krosby.

« Ce qu’on cherche, maintenant, c’est de la continuité sur le marché », a-t-elle poursuivi, « savoir s’il peut tenir la semaine prochaine. »

« Avec l’économie (américaine) qui continue à bien tourner, le rebond de fin d’année qui est en train de prendre forme, pourrait se transformer en élan en 2023 », Selon Peter Essele.

L’impression initiale des opérateurs après la publication du rapport sur l’emploi avait été très défavorable au secteur technologique, très dépendant des conditions de crédit pour financer sa croissance.

Mais il a finalement limité les dégâts, et quelques grosses capitalisations comme Netflix (+1,09 %) ou Microsoft (+0,13 %) ont même terminé dans le vert.

En décalage, Meta a brillé (+2,53 % à 123,49 dollars), alors que le groupe a appelé vendredi les responsables politiques, régulateurs et élus à proposer un cadre réglementaire pour le métavers, priorité pour son PDG, Mark Zuckerberg.

Tesla est aussi sorti du lot (+0,08 % à 194,86 dollars), au lendemain de la livraison en fanfare, jeudi, de son premier camion électrique, sur le site de l’une des usines du constructeur, à Sparks (Nevada).

Son concurrent Nikola, qui avait été le premier, fin 2021, à livrer des camions électriques, s’en sortait mieux (+9,62 % à 2,85 dollars).

Les valeurs chinoises cotées à Wall Street ont fêté le nouvel allègement, vendredi, des restrictions sanitaires dans plusieurs villes de Chine.

Parmi elles, les plateformes Alibaba (+5,22 %) et JD.com (+5,00 %), ainsi que le constructeur de véhicules électriques XPeng (+14,84 %), ont été particulièrement recherchés.

Le brut en repli

Les prix du pétrole ont quant à eux conclu en léger recul, après le plafonnement à 60 dollars du prix du baril de pétrole russe par les Occidentaux et avant une réunion de l’OPEP+ dimanche.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a perdu 1,50 % à 85,57 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en janvier, a aussi cédé 1,50 % à 79,98 dollars.

En milieu de séance, a été annoncé l’accord européen qui prévoit d’imposer un plafond de 60 dollars par baril aux prix du pétrole russe vendu à des États tiers, en complément de l’embargo de l’UE qui entre en vigueur lundi.

Le dispositif vise à interdire aux entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance, etc.) du pétrole russe au-delà du plafond de 60 dollars, afin de limiter les recettes tirées par Moscou de ses livraisons à des pays comme la Chine et l’Inde.

Certains analystes soulignaient toutefois que la Russie vendait déjà une partie de son pétrole en dessous du prix de 60 dollars.

« On essaye de comprendre l’impact de ce plafonnement avec l’embargo européen. Cela va-t-il marcher en tandem ? », s’interrogeait John Kilduff, d’Again Capital.

L’instrument doit en effet renforcer l’efficacité de l’embargo européen qui intervient lundi, plusieurs mois après celui déjà décidé par les États-Unis et le Canada.

« Cela fait beaucoup de choses à assimiler, c’est pour cela que les cours ont légèrement baissé avant d’avoir une meilleure idée des conséquences », a ajouté John Kilduff.

Il notait que ce niveau de plafonnement « généreux » permettait « au pétrole russe de circuler » en cette période hivernale de sommet de la demande de brut pour l’Occident.

Le marché attend aussi la réunion des représentants des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+) dimanche en format virtuel.

Les analystes penchaient pour le statu quo. « Je ne m’attends à rien de nouveau », a affirmé John Kilduff.

« Il est peu probable (que l’OPEP+) prenne de nouvelles mesures ce dimanche », estimait aussi Barbara Lambrecht de Commerzbank.

Ole Hansen, analyste chez Saxobank s’attend à « une réunion forte en paroles mais faible en actions, compte tenu de l’impact peu clair d’un embargo de l’UE sur le pétrole russe à partir du 5 décembre ».

Le groupe devrait selon lui reconduire sa décision précédente, à savoir la réduction de ses quotas totaux de 2 millions de barils par jour.

À la Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a clôturé en baisse vendredi, tandis que les grands indices américains ont terminé sans direction claire au terme d’une séance en dents de scie, marquée par la publication de meilleures données que prévu sur les marchés du travail nord-américains.

Les chiffres de l’emploi ont poussé les marchés à la baisse en début de séance, de crainte que les données n’entraînent des hausses plus nettes des taux d’intérêt de la part des banques centrales, a expliqué Anish Chopra, directeur général de Portfolio Management.

« La croissance de l’emploi, la création d’emplois, a été plus élevée que prévu, a observé M. Chopra. Il y avait certainement des inquiétudes chez les investisseurs plus tôt dans la matinée, avec la volatilité plus tôt dans la séance. »

Les pertes se sont cependant atténuées une fois que les investisseurs ont digéré les nouvelles et ont probablement pris en compte une vision plus large de l’économie, y compris un ralentissement du logement et d’autres domaines, a-t-il poursuivi.

« Les économies au Canada et aux États-Unis semblent ralentir, nous avons donc l’impact voulu par les banques centrales sur le ralentissement de l’économie. Il y aura toujours des (exceptions), certainement si on regarde la création d’emplois. »

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 39,79 points pour terminer la séance avec 20 485,66 points. Il affichait en matinée un recul d’une centaine de points et avait réussi à se hisser brièvement en territoire positif en après-midi.

La journée a vu un mélange de pertes et de gains dans tous les secteurs de la Bourse de Toronto. Les télécommunications, les services aux collectivités, les technologies de l’information et la finance étaient tous en baisse, tandis que l’énergie, l’industrie, les métaux de base et la santé, en particulier, étaient en hausse.

Les sociétés de cannabis ont contribué à soutenir le secteur torontois de la santé, notamment Canopy Growth, dont l’action a grimpé de 9,1 %, et Tilray Brands, avec un titre en hausse de 9,6 %, après que le président américain Joe Biden a signé un projet de loi sur la recherche médicale sur le cannabis.

Le secteur torontois de l’énergie a aussi dégagé un léger gain, malgré le recul de 1,24 $ US du cours du pétrole brut à 79,98 $ US à la Bourse des matières premières de New York, pendant que le prix du gaz naturel a cédé 46 cents US à 6,28 $ US le million de BTU.

Le pétrole a perdu des plumes en partie à la suite de l’annonce d’un accord de l’Union européenne visant à plafonner le prix du pétrole russe, mais il n’a pas enregistré de grosses pertes ces derniers temps, malgré la volatilité, a observé M. Chopra.

« L’énergie est assez volatile, et elle a subi une certaine pression ces derniers temps au cours du mois dernier […], mais elle a généralement gardé le cap là-dedans. »

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,25 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 74,44 cents US de jeudi.

La Presse Canadienne