(Toronto et New York) Les marchés nord-américains ont fini en forte baisse jeudi, sous l’effet de la remontée des taux obligataires et d’ajustements de portefeuilles à l’approche de la fin du trimestre.

Le S&P/TSX de Toronto a clôturé la séance sur une baisse de plus de 1,1 %. Le Dow Jones a perdu 1,5 %, l’indice NASDAQ a abandonné 2,8 % et l’indice élargi NASDAQ a cédé 2,1 %.

Après la parenthèse de mercredi, qui avait vu un regain d’optimisme et d’intérêt pour le risque, le S&P 500 a replongé et enregistré un nouveau plus bas de l’année en clôture. L’indice élargi n’avait plus terminé à cette profondeur depuis novembre 2020.

« Les conditions de marché ne sont pas très liquides en ce moment », a commenté Karl Haeling, de LBBW, pour justifier ce revirement brutal. « Il y a tellement de volatilité. Les gens sont un peu effrayés par ce qui s’est passé hier au Royaume-Uni. »

« La journée d’hier a peut-être été une réaction rapide à certaines des nouvelles qui arrivaient », a estimé pour sa part Kevin Headland, cochef des stratégies de placement chez Gestion de placements Manuvie. « Aujourd’hui, c’est un retour à l’environnement actuel, le nouveau paradigme de fortes hausses de taux d’intérêt par la Réserve fédérale. »

Mercredi, la Banque d’Angleterre avait surpris les opérateurs en annonçant se lancer, jusqu’à mi-octobre, dans des rachats de titres de dette souveraine en circulation pour tenter de stabiliser le marché obligataire britannique.

Ajustements de portefeuilles

Pour Karl Haeling, Wall Street a aussi été remuée par des ajustements de portefeuilles de fin de trimestre, beaucoup de gérants se désengageant massivement des actions.

Edward Moya a lui évoqué l’influence des déclarations de membres de la banque centrale américaine (Fed), qui ont quasiment tous repris le discours volontariste de leur président, Jerome Powell, la semaine dernière.

« Nous ne pourrons pas avoir une économie saine et un marché du travail en bon état si nous ne ramenons pas la stabilité des prix », a plaidé la présidente de l’antenne de la Fed à Cleveland, Loretta Mester, sur la chaîne CNBC, estimant que le niveau actuel du taux de la Fed n’était pas encore « restrictif », ce qui signifie qu’il n’induit pas un ralentissement de l’économie, selon elle.

Ce dernier point a été repris, jeudi également, par son collègue de St. Louis James Bullard. Pour le banquier central, l’interprétation des marchés selon laquelle « un bon nombre de hausses de taux » interviendront encore cette année est « la bonne ».

Déjà échaudés, les investisseurs ont mal accueillis l’indicateur principal du jour, à savoir les nouvelles inscriptions au chômage, qui sont ressorties au plus bas depuis fin avril, à 193 000 demandes, nettement en deçà des 215 000 attendus.

« Les actifs risqués [dont les actions] n’ont aucune chance de rebondir vraiment si l’économie continue à montrer de la résilience alors que l’inflation reste sensiblement supérieure au taux de la Fed », a estimé Edward Moya.

Les déclarations de banquiers centraux et les faibles chiffres du chômage ont contribué à faire remonter les taux obligataires, après leur glissade de la veille. Le rendement des emprunts d’État américain à 10 ans est remonté à 3,77 %, contre 3,73 % mercredi.

Toronto

Sur le TSX, le secteur des technologies de l’information a glissé de 2,9 %, l’action de Shopify ayant notamment cédé près de 8 %.

L’atmosphère a aussi été assombrie par l’abaissement de recommandation des analystes de Bank of America visant Apple (-4,9 % à 142,48 $ US). Ils ont cité le ralentissement de la demande, qui a incité la firme à la pomme à revoir à la baisse ses objectifs de ventes d’iPhone pour le second semestre.

Autre ombre au tableau, le gel des embauches chez Meta (-3,7 % à 136,41 $ US), annoncé en interne jeudi par le directeur général Mark Zuckerberg.

Le prix de l’or a rendu 1,40 $ US à 1668,60 $ US l’once et celui du cuivre s’est apprécié de 6 cents US à 3,42 $ US la livre.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 72,96 cents US, en baisse par rapport à celui de 73,21 cents US de mercredi.

Il est à noter que les marchés de Toronto demeurent ouverts le 30 septembre, désormais la journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada.