Neil Cunningham, PDG d’Investissements PSP, l’institution montréalaise qui gère les actifs des régimes de retraite des fonctionnaires fédéraux — lesquels atteignent aujourd’hui 230 milliards –, est davantage préoccupé par les changements climatiques et leurs répercussions sur l’activité humaine et économique que par la tempête boursière qui sévit actuellement.

C’est que les perspectives d’investissement à long terme seront davantage touchées par les bouleversements induits par les changements climatiques que par les sautes d’humeur conjoncturelles des marchés, estime le PDG, qui rappelle que le mandat ultime d’Investissements PSP est justement de générer des rendements à long terme.

Malgré des marchés boursiers agités et une inflation menaçante, Investissements PSP a bouclé sa dernière année financière, terminée au 31 mars, en produisant un rendement de 10,9 %, au-dessus de celui de son portefeuille de référence.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Neil Cunningham, PDG d’Investissements PSP

On est très satisfaits du rendement obtenu en 2021, mais on est encore plus satisfaits du rendement net annualisé de 9,8 % qu’on a fait sur 10 ans et qui surpasse de 1,4 % notre portefeuille de référence, ce qui représente des gains nets cumulés de 25,9 milliards additionnels.

Neil Cunningham, PDG d’Investissements PSP

Neil Cunningham s’est joint à PSP en 2004, quatre ans après la création de cette nouvelle institution, qui relève du Conseil du Trésor du Canada, pour gérer les actifs de retraite des fonctionnaires fédéraux, des membres des Forces armées, de la GRC et de la Force de réserve.

« Quand je me suis joint à Investissements PSP, pour participer à la création de notre portefeuille d’investissements immobiliers, nos actifs sous gestion totaux étaient de 12 milliards.

« On était une quarantaine d’employés et on avait fait le party de Noël dans la salle de conférence. Tout le monde était là », souligne en riant Neil Cunningham, qui va quitter son poste de PDG en mars prochain, après avoir terminé un mandat de cinq ans.

« J’arrive à un âge où je veux réaliser certaines choses que je n’ai pas faites », m’explique le PDG, originaire de Montréal et parfaitement bilingue.

Depuis 2004, les actifs sous gestion de PSP sont passés de 12 à 230 milliards et ses effectifs ont fait un bond pour atteindre aujourd’hui 750 professionnels de l’investissement et employés administratifs à son bureau de Montréal. De plus, PSP fait régulièrement affaire avec plus de 200 consultants montréalais dans tous les secteurs d’activité.

« On a ouvert au cours des dernières années un bureau à Londres et un autre à New York, ainsi qu’une plus petite antenne à Hong Kong, parce qu’on ne peut pas tout faire à partir de Montréal. Avec nos bureaux à l’étranger, on a un total de 900 employés », précise Neil Cunningham.

Diversification et investissement durable

La diversification géographique, tout comme celle des classes d’actifs, est au cœur de la stratégie d’Investissements PSP puisque les investissements étrangers représentent 78 % des actifs sous gestion du groupe, comparativement à 22 % au Canada.

« On ne vise pas un rendement absolu, mais un rendement relatif pour faire mieux que notre indice de référence fixé par le Conseil du Trésor. Avec un rendement supérieur de 1,4 % sur 10 ans, on remplit notre mandat », résume le PDG d’Investissements PSP.

Plus de 30 % du portefeuille est investi dans des actifs réels : immobilier, infrastructures et ressources naturelles, une catégorie mieux capable de faire face à l’inflation.

« On ne réagit pas aux fluctuations du marché. Depuis 18 mois, on voyait venir l’inflation et le resserrement des taux d’intérêt, on s’est adaptés en faisant plus de crédit à l’investissement.

« Chaque année, on revoit notre stratégie globale en fonction de la conjoncture et on identifie les éléments disruptifs à long terme — et les changements climatiques en sont un majeur », souligne Neil Cunningham.

En avril dernier, PSP a dévoilé sa stratégie d’investissement ESG, qui s’articule notamment autour de son engagement ferme à réduire de façon significative l’empreinte carbone de son portefeuille.

D’ici 2026, on va faire passer de 45 milliards à 70 milliards nos actifs verts ou de transition pour réduire l’intensité carbone dans notre portefeuille. Nous avons émis en février notre première obligation verte sur 10 ans de 1 milliard pour financer des projets qui ont des impacts positifs pour l’environnement. Il y en aura plusieurs autres.

Neil Cunningham, PDG d’Investissements PSP

Après 18 années à bâtir ce qu’est devenu aujourd’hui Investissements PSP, quel est le fait d’armes dont Neil Cunningham est le plus satisfait ?

« C’est d’abord d’avoir réussi à générer un rendement à long terme de 9,8 % sur 10 ans. On a bien exécuté notre mandat et on a mis en place une orientation d’investissement à long terme qui est solide.

« Je suis aussi très satisfait de la stratégie qu’on a mise en place pour affronter les changements climatiques. Cela va contribuer à la transition de l’économie vers un modèle plus durable. Enfin, je suis content d’avoir renforcé la culture de l’organisation, axée notamment sur la collaboration et l’inclusion », affirme le PDG.