(New York) Les prix du pétrole ont chuté pour la deuxième séance d’affilée mardi, le WTI américain glissant sous la barre des 100 dollars le baril, sur fond d’inquiétudes quant à la demande et tandis que les discussions se prolongent sur l’embargo européen de brut russe.

Le baril WTI américain pour livraison en juin a fléchi de 3,23 % pour descendre sous la barre symbolique des 100 dollars pour la première fois en deux semaines, à 99,76 dollars.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a perdu 3,28 % à 102,46 dollars.

Les deux références du brut avaient déjà dévissé lundi de plus de 6 %, emportées par les craintes d’un ralentissement économique global, et l’effritement de la demande chinoise dû à la flambée épidémique que connaît actuellement le pays.

« Les inquiétudes sur les confinements en Chine et le ralentissement de la demande sont toujours là », a expliqué Phil Flynn, de Price Futures Group.

« D’un côté le marché considère cela, de l’autre il voit aussi la faiblesse du marché boursier : cela suscite les craintes d’une potentielle récession », a ajouté l’analyste. Les cours du brut se replient si on redoute une moindre demande d’énergie dans le monde à cause d’un ralentissement de l’activité.

Côté marché boursier, Wall Street, particulièrement, a connu trois séances tumultueuses d’affilée.

« La politique radicale de zéro COVID-19 de la Chine suscite des inquiétudes quant aux perspectives de la demande de la deuxième plus grande économie du monde », abondait Victoria Scholar, analyste pour Interactive investor.

La Chine est le deuxième plus grand consommateur et le premier importateur de pétrole brut au monde. Le pays affronte ces dernières semaines sa pire flambée épidémique.

De plus, « la difficulté de l’UE à trouver une réponse coordonnée sur le pétrole russe contribue peut-être » à tirer les prix vers le bas, a fait remarquer Craig Erlam, analyste chez Oanda, « même si des progrès avec la Hongrie seraient en cours ».

Le projet d’embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe est actuellement bloqué, car il doit être adopté à l’unanimité par les 27 États membres. Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune a toutefois estimé mardi qu’il pourrait être décidé « dans la semaine ».

« Mais quand même, on n’a toujours pas de clarté sur cet embargo […] et le marché commence à prendre en compte dans ses cours, le fait que cela pourrait ne pas se passer ou du moins de façon moins radicale », doute Phil Flynn.

Les courtiers contemplaient aussi la progression fulgurante des prix à la pompe. Que ce soit pour l’essence ou le gazole, ils ont atteint un nouveau record mardi aux États-Unis (4 374 dollars le gallon de super).

« Les Américains n’ont jamais vu les prix de l’essence aussi élevés, et on n’a jamais vu un rythme de hausse aussi rapide », a relevé Patrick DeHaan, analyste en chef pour GasBuddy, un site spécialisé.

« Ces prix record pourraient atténuer la demande d’essence », redoutait Phil Flynn.