(New York) La Bourse de New York a terminé en baisse jeudi, les indices se retournant après des déclarations du président de la Banque centrale américaine (Fed), qui a quasiment officialisé une hausse marquée de taux en mai.

Le Dow Jones a reculé de 1,05 %, l’indice NASDAQ, à majorité technologique, a cédé 2,07 %, et l’indice élargi S&P 500, 1,48 %.

« Aujourd’hui, que ce soit pour les actions ou les obligations, tout est lié à la BCE et à la Fed », a expliqué Karl Haeling, analyste de la banque LBBW.

Dans un entretien à l’agence Bloomberg, le vice-président de la Banque centrale européenne, Luis de Guindos, a indiqué jeudi que la fin des achats nets de titres de dette « devrait » s’arrêter dès juillet.

Il a également estimé qu’une hausse de taux « en juillet (était) possible ».

Lors d’une table ronde organisée jeudi en marge des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI), le président de la Fed, Jerome Powell, a lui déclaré qu’une hausse de taux d’un demi-point de pourcentage « (serait) sur la table lors de la réunion de mai » (les 3 et 4).

« Cette parade de responsables de la Fed aux commentaires agressifs (sur le plan monétaire) fait que le marché prévoit désormais trois hausses d’un demi-point » consécutives, a relevé Karl Haeling.

Dans la foulée des propos de Jerome Powell, les taux obligataires se sont nettement tendus.

Le rendement des obligations d’État américaines à 10 ans est monté jusqu’à 2,95 %, non loin de son plus haut de trois ans et demi atteint mercredi (2,97 %).

Karl Haeling s’attend à ce que les marchés, « particulièrement les obligations, restent affaiblis jusqu’à la prochaine réunion de la Fed ».

Les commentaires de banquiers centraux ont effacé les gains enregistrés en début de séance grâce à quelques résultats d’entreprises de belle facture, en premier lieu Tesla.

Le constructeur (+3,23 % à 1008,78 dollars) a, en effet, publié mercredi, après Bourse, un bénéfice net record de 3,3 milliards de dollars au premier trimestre, soit bien mieux que les 2,2 milliards attendus.

Tesla s’est joué des problèmes d’approvisionnement et des confinements en Chine, au point que le directeur général Elon Musk a estimé possible de finir l’année sur une croissance de 60 % de la production.

Wall Street s’est aussi emballée pour les résultats d’American Airlines (+3,80 %) et de son concurrent United Airlines (+9,31 %), et leur discours encourageant sur la reprise de la fréquentation.

Si elles ont encore enregistré de lourdes pertes au premier trimestre, les deux compagnies aériennes tablent sur un retour à la rentabilité au deuxième trimestre.

Ces valeurs recherchées ont échappé au coup de froid qui a saisi Wall Street, et repeint en rouge la plupart des valeurs de croissance, en difficulté dans un contexte de hausses de taux.

Le fabricant de cartes graphiques Nvidia (-6,05 %) ou les spécialistes des semi-conducteurs AMD (-4,44 %) ou Qualcomm (-3,01 %) ont ainsi plongé.

Netflix a, lui aussi, connu une nouvelle journée difficile (-3,52 % à 218,22 dollars), après la baisse de 35 % mercredi. Les investisseurs digèrent toujours les résultats publiés mardi, qui ont fait état d’une perte nette d’abonnés, une première depuis plus de dix ans.

Pour ne rien arranger, l’investisseur Bill Ackman a annoncé que sa société s’était délestée de plusieurs centaines de millions de dollars de titres Netflix, du fait d’interrogations sur la trajectoire du groupe.

Les investisseurs ont aussi été séduits par la publication du géant américain de la chimie Dow (+2,92 % à 69,51 dollars), qui est parvenu à augmenter ses prix de plus de 20 % sur un an.

Disney a perdu du terrain (-2,34 % à 121,66 dollars) après la suppression, par le Parlement de l’État de Floride, du statut fiscalement favorable dont bénéficie le parc d’attractions Disney World.

Les élus floridiens ont ainsi sanctionné le groupe pour avoir critiqué une loi interdisant d’évoquer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre à l’école primaire.

La Bourse de Toronto enregistre sa pire séance en trois mois

La Bourse de Toronto clôturé en baisse jeudi, enregistrant sa pire séance en trois mois, tirée vers le bas par les craintes de ralentissement économique alors que des membres de la Réserve fédérale des États-Unis ont signalé qu’une hausse dynamique des taux d’intérêt aurait lieu le mois prochain pour tenter de combattre l’inflation.

Craig Jerusalim, gestionnaire de portefeuille chez Gestion d’actifs CIBC, a souligné que la journée avait commencé sur une note positive, puisque les demandes de prestations d’assurance-emploi aux États-Unis avaient atteint leur plus bas niveau depuis 1969 et que Tesla avait enregistré un gros gain mercredi soir.

Mais les marchés se sont détériorés après que le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, a évoqué l’étanchéité du marché du travail et la nécessité de taux plus élevés pour calmer l’inflation.

Au cours d’une table ronde organisée par le Fonds monétaire international, M. Powell a suggéré qu’« il y a quelque chose dans l’idée de préparer des hausses de taux dynamiques ».

« Cela a conduit à une attente de voir un resserrement des conditions financières qui exercent une pression sur la croissance et les valorisations et, essentiellement, le marché a vendu toute la séance depuis lors », a expliqué M. Jerusalim lors d’une entrevue.

En plus de cela, le membre le plus favorable aux hausses de taux de la banque centrale, le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, a affirmé qu’il était ouvert à une augmentation de 75 points de base lors de la réunion de mai.

« Le marché avait escaladé le mur de l’inquiétude, mais je pense que la hausse des taux d’intérêt est tout simplement trop difficile à gérer pour le lui », a ajouté M. Jerusalim.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 347,97 points, soit 1,6 %, pour terminer la séance avec 21 650,41 points. C’était sa pire performance depuis le 21 janvier.

Les onze secteurs du TSX ont reculé jeudi, mais les plus fortes baisses ont été celles des matériaux, de l’énergie et des technologies de l’information.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 79,81 cents US, en baisse par rapport à celui de 79,99 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a gagné 1,60 $ US à 103,79 $ US le baril, tandis que celui du gaz naturel a progressé de 2 cents US à 6,96 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a cédé 7,40 $ US à 1948,20 $ US l’once et celui du cuivre s’est apprécié de 5,2 cents US à 4,70 $ US la livre.

La Presse Canadienne