(New York) Les cours du pétrole ont repris de la hauteur lundi, poussés par le prolongement du conflit en Ukraine et les lourdes sanctions qui mettent sous pression les exportations russes d’or noir.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c’était le dernier jour d’utilisation comme contrat de référence, a fini en hausse de 3,12 %, à 100,99 dollars.

En séance, il était monté jusqu’à 105,07 dollars, proche de son pic de 105,79 dollars atteint jeudi dernier.  

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en avril, a lui progressé de 4,50 %, pour clôturer à 95,72 dollars.

En Ukraine, les combats se poursuivaient lundi, au cinquième jour de l’invasion russe, marqué par l’ouverture de pourparlers entre représentants ukrainiens et russes.

« L’offre russe d’énergie est à risque, que ce soit du fait d’une éventuelle suspension par la Russie en représailles ou des sanctions », a commenté Louis Dickson, analyste du cabinet Rystad Energy.

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi que le Canada allait interdire « toute importation de pétrole brut » russe, « une industrie dont le président Poutine et ses oligarques ont grandement profité ».

« Même si les sanctions n’ont pas encore eu d’impact direct sur les achats de pétrole ou de gaz, des acheteurs hésitent à acheter du pétrole russe », a indiqué Andy Lipow, du cabinet Lipow Oil Associates.

« Certaines banques refusent de faire crédit pour ces achats et certains armateurs ne veulent plus transporter de pétrole russe », par crainte des sanctions, a-t-il poursuivi.

Interrogé par l’AFP, un dirigeant d’une compagnie qui assure le transport de produits pétroliers a expliqué, sous couvert d’anonymat, que les exportations russes pourraient se contracter très prochainement.

« Le système est soumis à un énorme stress », a affirmé ce dirigeant. L’offre de crédit, essentielle dans le commerce du pétrole, se tarit, les transactions financières avec plusieurs entités russes sont désormais prohibées, et les primes d’assurance se sont envolées.

Pour Andy Lipow, le marché s’attend à ce que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés de l’accord OPEP+ se tienne à son calendrier, avec une nouvelle hausse de 400 000 barils par jour en avril décidée à l’issue de sa réunion de mercredi, ce qui serait très insuffisant pour soulager le marché.

Mais « après » cette réunion, « il pourrait y avoir une pression immense sur l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït pour qu’ils utilisent leurs capacités à plein », selon lui. Les trois pays sont, en effet, les seuls au sein du groupe OPEP+ considérés comme disposant de capacités supplémentaires à leur niveau de production actuel.