La volatilité extrême observée depuis le début de la semaine a accentué les pertes sur papier de certains investisseurs, mais elle a aussi offert à nouveau mercredi son lot d’occasions.

« Si la Banque du Canada avait haussé son taux directeur mercredi et que la Fed l’avait aussi fait, ça aurait pu être un Black Swan [un évènement rare qui peut avoir des conséquences considérables s’il se réalise] », dit François J-Dubois, président de Dtrading, une firme qui offre des services d’initiation au marché boursier et à la négociation active.

« Ça aurait donné un beau spectacle. La fin du monde sera pour une autre journée », ajoute-t-il à la blague.

De façon réaliste, ce trader ne s’attendait pas à ce que la Fed annonce une hausse de taux mercredi. « Mais j’aurais bien aimé ça pour la volatilité additionnelle qui y aurait été associée », dit-il.

Son camarade Alex Demers, président de la firme Traders 360 et auteur de la balado Finance 360, ne cachait pas son excitation. « Ça fait longtemps que j’attendais une correction comme celle de cette semaine », dit-il.

« La volatilité est assez impressionnante et même assez violente », commente pour sa part le négociateur indépendant Mickael Dufresne.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Mickael Dufresne

Surtout pour les titres de technologie sur lesquels les investisseurs ont beaucoup misé pendant la première portion de la pandémie.

Mickael Dufresne

Mickael Dufresne dit n’avoir jamais compris comment le marché pouvait accorder autant de valeur à certaines entreprises qui ne généraient aucun profit, avaient encore de faibles revenus et devaient s’endetter pour mener leurs projets à terme.

« On dirait que finalement, le retour du pendule est arrivé et que les investisseurs se sont ouvert les yeux », dit-il.

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Alex Demers

C’est une correction saine. Je n’avais réalisé que deux achats à long terme l’an passé. J’avais de la difficulté à identifier des aubaines. Peu d’opportunités se sont présentées. C’est pourquoi j’amassais des liquidités.

Alex Demers

Il dit avoir notamment profité de la volatilité en début de semaine pour augmenter sa position dans Netflix. « Et si le titre chute encore de 10 %, je vais en acheter à nouveau. Je suis encore confiant de la position de leader malgré un ralentissement de la croissance des abonnements. »

Des occasions

Le mouvement enregistré cette semaine apporte beaucoup d’occasions très intéressantes, affirme Mickael Dufresne. « Certains titres comme celui de Lightspeed, par exemple, est maintenant à bon prix par rapport à ses concurrents. Celui de BRP se transige à de bons ratios, et Dorel [qui vient d’annoncer le versement d’un dividende spécial de 12 $ US par action après avoir vendu sa division vélo] est sous-évalué. Ce sont quelques exemples de titres que le marché m’a donné l’occasion d’acheter cette semaine », précise-t-il.

« Après, il faut être patient, mais je pense que si on est sélectif, l’investisseur peut faire de bonnes affaires présentement, tout en réalisant que ce n’est peut-être pas la fin de la correction. C’est impossible d’en être certain, même avec des années d’expérience, je réussis encore rarement à me positionner au parfait moment. Il faut rester humble et accepter de ne pas toujours acheter au meilleur moment. »

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François J-Dubois

Le problème n’est pas que des titres corrigent de 2 % ou 3 % en une journée. Il faut plutôt se poser des questions lorsque le marché prend de 20 à 30 % en un an. L’économie est surchauffée. C’est normal que ça corrige », ajoute-t-il.

François J-Dubois, président de Dtrading

« Ça fait 28 ans que je fais ça, mais certains jeunes n’ont connu que la chute de 2020. Ils achètent lorsqu’il y a des replis depuis et ça remonte toujours rapidement. Même ceux qui transigent depuis 10 ans n’ont jamais connu de bonnes corrections. Si ce n’est pas la pandémie qui provoque une secousse, ça pourrait être une guerre ou une crise du pétrole. Si le marché devait terminer l’année en baisse de 10 %, ce ne serait pas grave puisque la hausse est de 150 % depuis 10 ans. Ça serait juste normal », dit-il.

« Les gens achètent des titres tellement chers. Il est normal que le marché corrige si les revenus de ces entreprises n’augmentent pas aussi vite que le marché boursier. »

Il ajoute que pour mettre les chances de son côté en période d’incertitude comme actuellement, il faut y aller avec des titres de qualité. « C’est-à-dire ceux d’entreprises avec de bons ratios et un bénéfice net. Si tu transiges des titres de qualité, ça pardonne lors d’une correction. Le titre peut éventuellement rebondir. »

Alex Demers souligne que de nombreuses grandes entreprises du secteur techno (Apple, Alphabet, Amazon, Meta, etc.) s’apprêtent à publier des résultats trimestriels qui pourraient influencer la direction des indices boursiers à court terme.

Le marché est en train d’escompter une première hausse de taux en mars aux États-Unis, dit François J-Dubois. « Au cours du prochain mois, le marché sera en consolidation ou peut-être en repli. »