(Pékin) La monnaie chinoise s’affichait mardi face au dollar à son plus haut niveau depuis près de trois ans, galvanisée par la reprise en Chine et les perspectives de croissance sur ses principaux marchés d’exportation.

Mardi après-midi, heure de Pékin, la monnaie chinoise cotait 6,4051 pour un dollar, en hausse de 0,2 % par rapport à la veille. Il s’agit de son niveau le plus haut depuis juin 2018.

L’appréciation du yuan est en partie liée « à la forte reprise » de la demande chez les principaux clients de la Chine, en particulier aux États-Unis et dans l’Union européenne, remarque pour l’AFP l’analyste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit.  

Le redémarrage en Chine à la faveur d’une amélioration progressive des conditions sanitaires à partir du printemps 2020 a « amélioré le sentiment des marchés à l’égard de la monnaie chinoise », estime M. Biswas.

La performance du yuan est « clairement » à mettre sur le compte du dollar qui « perd du terrain » face aux principales devises dont l’euro, relève pour sa part Guillaume Dejean, analyste macro et change pour Western Union Business Solution.

Une hausse trop forte du yuan risque de freiner la relance en Chine.

Les exportations sont en effet l’un des piliers de l’économie du géant asiatique. Et un yuan plus fort a pour effet d’augmenter les prix en dollars des biens chinois.

« La banque centrale du pays est consciente des risques liés à l’appréciation du yuan […] alors que la reprise en Chine est encore inégale », estime l’analyste Ken Cheung, de la banque Mizuho.

Le yuan n’est pas entièrement convertible et la banque centrale fixe chaque jour un taux pivot, de part et d’autre duquel elle autorise une fluctuation de plus ou moins 2 %.

Si le premier pays touché par la pandémie fin 2019 est aussi le premier à s’en être remis au niveau économique, la consommation des ménages reste néanmoins en Chine le point faible de la reprise.  

Des secteurs comme le tourisme et les transports, pénalisés par la fermeture continue des frontières, restent ainsi à la peine.

La Chine a été l’an dernier l’un des rares grands pays à connaître une croissance positive (2,3 %) malgré la crise sanitaire.

Résultat, « les capitaux en Chine affluent rapidement » et cela renforce mécaniquement la valeur du yuan, remarque M. Cheung.

Mais cela pourrait bien devenir à la longue « un casse-tête » pour la banque centrale, prévient-il.