(Washington) La Banque centrale américaine (Fed) a appelé jeudi, à « plus de transparence », les fonds spéculatifs et autres entités financières non bancaires qui peuvent générer d’importantes pertes pour l’ensemble du système, comme l’ont montré les récents épisodes GameStop et Archegos.

« Certains épisodes récents ont mis en évidence l’opacité des expositions risquées et la nécessité d’une plus grande transparence des fonds spéculatifs (hedge funds) et autres entités financières à effets de levier qui peuvent générer des tensions dans le système financier », souligne la Fed dans son rapport semi-annuel de stabilité financière.

La saga GameStop, du nom de cette chaîne de magasins de jeux vidéo qui a vu son action grimper de façon exponentielle puis chuter, mais aussi la déroute du fonds d’investissement Archegos, qui a coûté plus de 10 milliards de dollars aux banques mondiales, ont agité les marchés au cours des derniers mois.

L’épisode Archegos, notamment, « met en évidence la possibilité que des institutions financières non bancaires […] puissent générer des pertes importantes dans le système financier », a commenté la gouverneure de la Fed Lael Brainard, farouche avocate de la régulation du secteur financier.

Elle souligne ainsi « l’importance de divulgations plus détaillées et plus fréquentes » de leurs données de la part de ces établissements.

La débâcle du fonds new-yorkais Archegos, qui s’était trouvé dans l’incapacité de réinjecter de l’argent pour couvrir des positions sur des produits dérivés, déclenchant une vente massive d’actions à Wall Street, a provoqué des pertes abyssales auprès de plusieurs banques dont Crédit Suisse et Nomura.

Les fonds d’investissement de ce type qui gèrent le patrimoine de particuliers fortunés évoluent dans une zone grise pour les régulateurs financiers américains, dans la mesure où ils ne gèrent pas l’épargne du grand public et ont obtenu de ce fait des exemptions à certaines réglementations imposées après la crise de 2007-2008.

« Les vulnérabilités structurelles de certaines institutions financières non bancaires pourraient amplifier les chocs sur le système financier en période de crise », souligne encore la Fed.

Gary Gensler, le nouveau président de la SEC, le gendarme boursier américain, a lui aussi dit jeudi qu’il envisageait d’édicter de nouvelles règles sur le marché après ces récents épisodes, estimant nécessaire d’« évaluer et sans doute rafraîchir » les règles de protection des investisseurs et de transparence.

La puissante Réserve fédérale américaine s’est également inquiétée dans ce rapport de la hausse des prix des actifs à risque depuis la dernière édition de son rapport en novembre, du fait des perspectives économiques plus optimistes.

La Fed s’inquiète d’un retournement de situation, et souligne qu’« à l’avenir, les prix des actifs pourraient être vulnérables », notamment si la reprise économique est moins forte qu’attendu.

Les actifs dits à risque sont ceux qui ne génèrent pas de rendements prévisibles comme les actions, les matières premières, l’immobilier ou encore les devises.