Bombardier a encore la marge de manoeuvre requise pour se remettre de l'effondrement du cours de son action, malgré les inquiétudes des investisseurs concernant les défis financiers du géant des transports, ont estimé mardi des analystes du secteur.

« Bombardier est un investissement à haut risque, mais le désinvestissement récent est, à notre avis, excessif », a souligné Kevin Chiang, de Marchés mondiaux CIBC.

Les actions de Bombardier ont perdu plus de 60 % de leur valeur depuis juillet, en raison de l'endettement élevé de la société et de sa capacité à générer les flux de trésorerie disponibles promis.

Le titre de la société montréalaise a progressé mardi de 6 cents, soit 2,9 %, pour clôturer à 2,13 $. Il se négocie malgré tout à un niveau inférieur à celui du début 2015, alors que la rentabilité de l'entreprise a presque doublé depuis.

Même avec le rebond de 24 % opéré lundi par l'action, qui l'a portée à 2,07 $, l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, affirme dans un rapport que le désinvestissement est injustifié. Il maintient son cours cible sur le titre à 5,50 $.

L'analyste critique notamment ceux qui disent que les vieilles habitudes de Bombardier refont surface parce que ses résultats ne sont pas à la hauteur, en particulier au chapitre des flux de trésorerie disponibles.

« Nous estimons que cela est injuste et soulignons que Bombardier est sur la bonne voie pour atteindre ou dépasser les objectifs de 2020 définis lors de la journée des investisseurs de la société à la fin de 2015. »

Bombardier maintient son objectif de générer des flux de trésorerie disponibles d'entre 750 millions US et 1 milliard US en 2020.

L'analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des Capitaux, a indiqué qu'il demeurait optimiste quant à la valeur à long terme de Bombardier, mais qu'il s'attendait à ce que ses actions restent volatiles jusqu'à ce que les investisseurs reprennent confiance en sa capacité à générer des flux de trésorerie disponibles.

« Nous notons également que le marché ne semble attribuer aucune valeur au partenariat A220 avec Airbus, une occasion sous-évaluée à notre avis », a-t-il écrit.

Compte tenu des conditions du marché, les analystes s'attendent à ce que Bombardier retarde le rachat de la participation de 27,5 % de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans sa division ferroviaire, évaluée à plus de 2 milliards US, au-delà de la date de février où elle peut agir.

La société ne prendra aucune mesure qui risquerait d'aggraver sa situation de trésorerie, a fait valoir M. Chiang.

Les analystes ont en outre qualifié l'enquête menée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) du Québec sur le plan d'actionnariat des hauts dirigeants de Bombardier de « bruit », ajoutant qu'elle pourrait prendre quelques mois à se résoudre.