Les marchés boursiers nord-américains ont cédé du terrain jeudi, pendant que les rendements des obligations gouvernementales américains atteignaient un sommet de sept ans.

L'indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 65,38 points pour clôturer à 16 006,67 points.  La Bourse de New York s'est nettement repliée, déstabilisée par la forte et soudaine montée des taux d'emprunt sur le marché obligataire. L'indice de la place new-yorkaise, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 0,75 %, à 26 627,48 points, après cinq séances consécutives de hausse. Le Nasdaq a reculé de 1,81 %, à 7879,51 points.

L'indice élargi S&P 500 a cédé 0,82 %, à 2901,61 points.

Le taux d'emprunt sur la dette à 10 ans des États-Unis, après avoir déjà fortement grimpé mercredi, a continué sur sa lancée jeudi, montant jusqu'à plus de 3,2 % pour la première fois depuis 2011.

De même le taux d'emprunt sur la dette à 30 ans s'est hissé jusqu'à 3,39 % jeudi, son plus haut niveau depuis 2014. Cette progression accompagne logiquement la remontée en cours des taux d'intérêt décidée par la Banque centrale américaine (Fed) au vu de la bonne santé de l'économie des États-Unis.

Les indicateurs du jour ont conforté cette perspective : les demandes d'allocations chômage ont baissé plus que prévu lors de la semaine close le 29 septembre tandis que les commandes industrielles ont progressé plus qu'attendu en août.

Mais certains s'inquiètent de voir le marché obligataire se tendre aussi soudainement.

La montée des taux d'intérêt augmente en effet les coûts d'emprunt pour les investisseurs, qui ont largement profité ces dernières années de l'argent peu cher de la Fed pour financer leurs placements.

Elle renchérit également les crédits à la consommation et les emprunts immobiliers effectués par les particuliers ainsi que les dépenses d'investissement effectuées par les entreprises.

« On se demande d'où vont venir les dépenses si les gens deviennent réticents à souscrire de nouveaux emprunts », souligne JJ Kinahan, de TD Ameritrade.

La hausse des taux d'intérêt rend par ailleurs plus attractifs les placements sur le marché obligataire, éventuellement au détriment du marché des actions.

Toutefois, rappelle Karl Haeling, de LBBW, la remontée des taux d'intérêt est le reflet d'une économie en forme. « Ce qui trouble les investisseurs, c'est la rapidité à laquelle elle se produit », estime-t-il.

« Guerre froide »

Le marché a aussi été, selon lui, fragilisé par un regain de tensions entre Washington et Pékin.

Entre les révélations de l'agence Bloomberg, selon lesquelles la Chine a utilisé de minuscules puces informatiques insérées dans des ordinateurs fabriqués en Chine pour tenter de voler des secrets technologiques américains, et le discours très dur du vice-président, Mike Pence, accusant entre autres Pékin de vouloir influencer les élections législatives en novembre, « on a un petit côté guerre froide » qui alimente la nervosité des courtiers, estime-t-il.

Apple (-1,76 %) et Amazon (-2,22 %), concernés, selon Bloomberg, par l'opération chinoise d'espionnage industriel, ont assuré n'avoir pas été touchés. Mais l'ensemble du secteur technologique a été affecté jeudi par l'accès de faiblesse de Wall Street.

Les banques, qui profitent en général de la remontée des taux, sont parvenues en revanche à tirer leur épingle du jeu : JPMorgan Chase a gagné 0,94 %, Citigroup 0,35 % et Wells Fargo 1,65 %.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole bruit a perdu 2,08 $ US à 74,33 $ US le baril, tandis que celui de l'or a effacé 1,30 $ US à 1201,60 $ US l'once. Le prix du cuivre a glissé de 5,65 cents US à 2,78 $ US la livre.

- Avec La Presse canadienne