Fortement secouées depuis la dévaluation du yuan chinois mi-août, les places asiatiques ont connu une nouvelle journée mouvementée mardi, alors que les inquiétudes sur les fragilités de la croissance mondiale refaisaient surface.

La Bourse de Tokyo a donné le ton: le Nikkei a plongé de 4,05% à la clôture, portant à 18% son recul au cours des sept dernières semaines, et le Topix 4,39%.

Idem à Sydney (-3,8%) et Hong Kong, où l'indice composite Hang Seng a abandonné 2,97%, tandis que la Bourse de Shanghai a fini sur un repli de 2,01%.

Wall Street avait bouclé sa première séance de la semaine sur un recul conséquent, le Dow Jones lâchant 1,92% et le Nasdaq 3,04%, dans la foulée de ses homologues du Vieux Continent qui repartaient à la baisse mardi dans les premiers échanges.

Au coeur des inquiétudes, la Chine encore et toujours: un indicateur défavorable sur l'industrie de la deuxième économie mondiale a réveillé les craintes des investisseurs, temporairement éclipsées par les déboires de l'allemand Volkswagen.

Dans ce contexte, les matières premières, dont les cours sont déjà au plus bas, faisaient grise mine en ce début de semaine, les cours du pétrole ayant cédé plus d'un dollar le baril à New York lundi. Symbole de cette débâcle, le groupe suisse Glencore a chuté de 29,3% à Hong Kong, après avoir dévissé d'autant lundi à Londres.

«Le ralentissement en Chine s'étend aux autres économies asiatiques, au Brésil et à l'Australie, et la faiblesse des pays émergents pourrait se répercuter sur l'ensemble de l'économie mondiale», a commenté pour l'agence Bloomberg Toshihiko Matsuno, analyste chez SMBC Friend Securities.

Quand la Fed tranchera

«Nous ne savons pas encore quand les craintes des marchés se dissiperont et, en attendant, les investisseurs se tournent vers les actifs sûrs», délaissant les actions et privilégiant certaines devises considérées comme des valeurs refuge comme le yen.

Le dollar fléchissait ainsi par rapport à la veille face à la devise nippone: il oscillait autour de 119,43 yens à la clôture à Tokyo (06h00 GMT), contre 119,93 yens quelques heures auparavant. L'euro s'affaiblissait aussi, à 134,56 yens, contre 134,83 yens précédemment.

Sur le front des valeurs, les turbulences sur les marchés de matières premières ont entraîné vers le bas les géants miniers anglo-australien BHP Billiton et Rio Tinto, en baisse de 6,65% pour le premier, et de 4,57% pour le second.

À Tokyo, les maisons de commerce ont été particulièrement affectées - Mitsubishi Corporation a décroché de 5% et Mitsui & Co de 9,5% -, tout comme la firme pétrolière JX Holdings (-4,32%). Même tendance négative pour les titres exposés à la Chine, comme le constructeur automobile Nissan (-4,18%).

La fébrilité des marchés était accrue par la perspective de la publication des chiffres mensuels de l'emploi aux États-Unis vendredi, un indicateur majeur pour jauger la santé de la première économie mondiale et nourrir les réflexions de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Les marchés avaient très mal accueilli mi-septembre la décision la Fed de ne pas relever ses taux, presque nuls depuis 2008. Si cette politique accommodante apporte un précieux soutien à l'économie, les investisseurs semblent désormais las de ce suspense qui dure depuis des mois.

Il reste à la Fed deux occasions cette année pour passer à l'acte et mettre fin à cette incertitude: au cours des réunions des 27 et 28 octobre ou des 15 et 16 décembre. D'ici là, les Bourses mondiales doivent se préparer à d'autres séances volatiles, préviennent les courtiers.