BMW chutait lourdement en Bourse jeudi à cause d'une polémique naissante sur les émissions de certains de ses moteurs diesels, tandis que le rebond de Volkswagen s'essoufflait après que l'action a été mise sur liste noire par une banque suédoise.

Le titre de BMW lâchait 6,33% à 74,74 euros à 7h00 (heure de Montréal) à la Bourse de Francfort, lanterne rouge de l'indice vedette Dax, lui-même en forte baisse de 1,66%. La faute à une information, pourtant très maigre, du magazine AutoBild, selon lequel certains modèles de BMW dépassent les normes d'émissions de gaz polluants de l'UE.

Le concurrent Volkswagen, à l'origine des doutes jetés sur l'industrie, rebondissait de 2,87% à 114,70 euros à la même heure, porté par la démission de son patron Martin Winterkorn. Mais le titre perdait de la vigueur, après être grimpé jusqu'à +9,05% dans la matinée. Le ralentissement survient alors que la première banque suédoise Nordea a annoncé qu'elle n'achetait plus aucun titre du constructeur - actions et obligations.

BMW a publié un communiqué pour démentir toute accusation de manipulation, et à dit «se conformer aux directives légales» partout où il opère.

Dans le cas de BMW, AutoBild n'évoque d'ailleurs aucune tricherie mais se base sur des tests menés sur la route par l'ONG ICCT (Conseil international sur les transports propres), la même qui a révélé le scandale des moteurs truqués du concurrent Volkswagen.

Selon ces tests conduits sur la route, et non pas en laboratoire, la BMW X3 xDrive équipée de moteurs diesel «20d» a dépassé de plus de 11 fois la norme européenne sur les émissions de gaz polluants, affirme Auto Bild.

«La question de savoir si d'autres constructeurs en dehors de VW ont utilisé des logiciels truqueurs reste à déterminer», précise Auto Bild.

Les écarts entre la fiche technique des voitures et leurs performances réelles sont par ailleurs classiques, car les constructeurs testent leur véhicule en laboratoire, en optimisant au maximum leur fonctionnement.

«Les valeurs d'émissions affichées sont depuis des années l'équivalent de châteaux en Espagne», commente Mike van Dulken, analyste chez Accendo Markets, pour qui l'extension des doutes à d'autres constructeurs «n'est pas une surprise», dans une industrie aussi compétitive.

Le secteur automobile allemand est secoué depuis le début de la semaine en Bourse, à cause de l'ampleur inédite prise par le scandale des moteurs diesels du groupe Volkswagen. Il a admis avoir implanté un logiciel de trucage des tests antipollution dans 11 millions de ses véhicules dans le monde.