Après avoir passé près d'un mois en étant le titre le plus vendu à découvert à Toronto, de la mi-février à la mi-mars, l'action de Bombardier vient de céder le premier rang de cette «liste noire» à Athabasca Oil.

La mise à jour des plus importantes positions «vendeur» consolidées au Canada publiée cette semaine par la Bourse de Toronto montre un recul de 45% du nombre d'actions de Bombardier vendues à découvert durant les deux dernières semaines de mars.

Cet important repli du nombre d'actions de l'entreprise québécoise vendues à découvert coïncide avec la disparition des bons de souscription émis à la fin février au prix unitaire de 2,21$. Les bons de souscription permettaient, à la fin mars, après l'approbation par les actionnaires du placement public de capitaux propres, de mettre la main sur des actions de catégorie B. Une assemblée d'actionnaires visant à approuver le financement par capitaux propres a été tenue le 27 mars.

Un bond de 70% du nombre d'actions de Bombardier vendues à découvert avait été observé durant les deux dernières semaines de février, ce qui faisait de Bombardier le titre le plus malmené par les spéculateurs à la Bourse de Toronto. Un bond additionnel de 30% de la quantité d'actions de Bombardier vendues à découvert avait aussi été enregistré au cours des deux premières semaines de mars.

Pour de nombreux investisseurs, vendre le titre de Bombardier à découvert à la fin de l'hiver s'inscrivait dans le cadre d'une stratégie d'investissement bien précise, ce qui expliquerait une partie de la variation dans la quantité d'actions de Bombardier vendues à découvert depuis un mois.

«C'est directement lié à l'émission de titres, dit Mickael Dufresne, un négociateur (trader) indépendant. Les spéculateurs qui ont acheté des bons de souscription ont vendu les actions de Bombardier à découvert pour garantir leurs gains lors de la conversion des bons de souscription en actions ordinaires.»

«L'émission des bons de souscription de Bombardier a été annoncée le 19 février, mais les bons ont commencé à se négocier en Bourse seulement le 27 février, ça laissait plus d'une semaine où les acheteurs étaient techniquement vulnérables aux fluctuations boursières sans pouvoir rien faire, à moins, bien sûr, de vendre le titre, dit-il. Ceux qui veulent conserver le titre à long terme ne regardent pas ça, mais ceux qui veulent prendre un profit rapide doivent vendre le titre pour se protéger contre une baisse de valeur de l'action.»

Le négociateur et président du Groupe Cavaliro, Voicu Valentir, abonde dans le même sens. «Détenir le bon de souscription tout en vendant le titre à découvert servait à minimiser le risque. Le seul risque était que le financement annoncé ne se concrétise pas.»

Le nombre d'actions de Bombardier vendues à découvert reste néanmoins encore 20% plus élevé aujourd'hui qu'avant l'annonce le 19 février du financement en capitaux propres d'une valeur de 1,1 milliard de dollars.

En date du 31 mars, 49,7 millions d'actions de Bombardier faisaient l'objet d'«emprunts» contre 89,7 millions d'actions deux semaines plus tôt. Au 15 février, il y avait 41 millions d'actions de Bombardier vendues à découvert.

La vente à découvert est une manoeuvre par laquelle un investisseur emprunte une action en pensant que son prix reculera avec l'espoir de la racheter plus tard à un prix moins élevé.

Le titre de Bombardier a clôturé hier en hausse de 3,5% à 2,65$ à la Bourse de Toronto.