Le niveau de confiance des investisseurs dans la Bourse a rarement été aussi élevé. Et ils ont probablement raison de se réjouir en cette fin d'année.

Les cours boursiers montent traditionnellement en décembre avec ce qu'il est convenu d'appeler le rallye du père Noël. Ce fut notamment le cas pour l'indice S&P 500 du marché américain ces six dernières années, avec une hausse moyenne de 2,2%. C'est, de fait, le meilleur mois du calendrier boursier américain depuis 1950.

L'indice S&P/TSX du marché canadien s'est lui-même apprécié 12 fois sur 14 en décembre depuis le début du siècle, alors que seulement 10 de ces années ont été positives. Le 12e mois a rapporté en moyenne 1,4% de plus que les autres pendant cette période.

L'optimisme qui gagne les investisseurs à l'approche de l'hiver a peu à voir avec la perspective de recevoir des étrennes. La raison est plus pragmatique encore: les investisseurs commencent tout simplement à anticiper des profits plus importants pour les entreprises l'année suivante. «Les cours boursiers obtiennent un gros soutien saisonnier en fin d'année parce que les investisseurs se positionnent pour la nouvelle année», affirme l'analyste Tom Lee, de Fundstrat Global Advisors, en entrevue à l'agence Bloomberg. Le marché a encore de quoi carburer, malgré le fort rebond des cours depuis la correction d'octobre, croit-il.

Gains en vue

Le fait est que, depuis 125 ans, les 500 plus grandes sociétés américaines augmentent annuellement de 6,2% en moyenne leur résultat d'exploitation, estime le courtier Raymond James. Le phénomène est vraisemblablement bien ancré dans l'inconscient de tous les boursicoteurs.

Les analystes s'attendent à une hausse des profits de 3% aux États-Unis et de 8% au Canada, du troisième au quatrième trimestre de cette année. L'accélération de la croissance économique et les bas prix du pétrole devraient notamment se faire sentir sur les chiffres du trimestre. Les attentes tombent à moins de 5% pour l'exercice de 2015, de part et d'autre de la frontière.

Jonathan Golub, grand stratège de RBC Marchés des capitaux, estime que la croissance des profits des entreprises est trop forte pour que le marché déraille dans les prochaines semaines. Cette année, le mois de décembre n'est vraiment pas le moment de liquider ses titres, selon lui.

La hausse des cours boursiers reflète d'ailleurs essentiellement la progression des profits sur une longue période. Coca-Cola - à qui le père Noël doit son beau costume rouge, tout de même - en est la parfaite illustration. Cotée depuis 1919, l'entreprise, qui a traversé nombre de crises, krachs et guerres, progresse au même rythme que ses profits, soit d'environ 10% par année en moyenne.

Les Américains ont encore 11 000 milliards US en liquide pour soutenir le marché haussier, selon le groupe financier JPMorgan. Voilà qui est dit aux «contrariants» qui croient que le moral élevé des investisseurs est un signe que les cours vont plafonner («Si tout le monde est dans le marché, qui va acheter?»).

LA RECOMMANDATION



H. Fraser Phillips, de RBC Dominion valeurs mobilières, croit que le rallye de fin d'année pourrait être une occasion pour les titres miniers non précieux. L'analyste, qui mise sur Lundin Mining, Teck Resources, Sherritt International, Cameco et Labrador Iron Ore Royalty, prévoit que le fort effet saisonnier combiné aux solides valorisations de ces producteurs suscitera une reprise des cours dans les trois prochains mois. L'amélioration des indicateurs économiques mondiaux serait un signal d'achat, selon lui.