Nouveau coup dur pour Twitter: le réseau social américain, qui peine déjà à convaincre les investisseurs de ses perspectives de croissance, se voit désormais classé en catégorie «spéculative» par l'agence de notation Standard & Poor's.

S&P lui a en effet octroyé jeudi pour la première fois une note «non sollicitée», évaluant sa solidité financière à long terme.

Twitter écope d'un «BB-», une note correspondant à une entreprise ayant des caractéristiques spéculatives. Elle se situe trois crans en dessous de l'échelon le plus bas de la catégorie plus prisée dite «d'investissement», réunissant les entreprises ayant les meilleures chances de faire face à leurs obligations financières.

Certes, S&P s'attend à une «croissance saine du nombre d'utilisateurs mensuels et du chiffre d'affaires» du réseau, qui fait des investissements «très énergiques» à cet effet, détaille son communiqué. Le revers de la médaille, c'est que «Twitter pourrait ne pas dégager de liquidités excédentaires avant 2016».

Twitter n'a jamais dégagé un dollar de bénéfice net depuis sa création en 2006, malgré un chiffre d'affaires qui devrait dépasser le milliard de dollars cette année.

Cela n'a pas empêché la société de faire un démarrage en trombe il y a un an à la Bourse de New York: introduite à 26 dollars début novembre 2013, l'action a flambé jusqu'à 73,31 dollars courant décembre, mais a depuis reperdu 45%.

L'euphorie initiale des investisseurs a été douchée par la publication de rapports trimestriels montrant une croissance jugée trop timide du nombre d'utilisateurs mensuels ainsi que par des craintes d'une baisse d'intérêt pour le réseau.

Efforts aux effets incertains

L'action Twitter a clôturé en baisse de 5,88% jeudi soir, à 40,04 dollars, annulant quasi intégralement le bond de plus de 7% enregistré la veille lorsque la direction du groupe avait tenté de montrer qu'elle prenait les choses en main, au cours d'une rencontre avec des investisseurs.

Les dirigeants du site de microblogues avaient notamment fait valoir qu'en plus des 284 millions d'utilisateurs officiels fin septembre, 500 millions de personnes supplémentaires consultaient le réseau sans être enregistrées.

Ils avaient aussi annoncé l'arrivée prochaine de nouveaux outils pour discuter plus facilement en privé avec d'autres utilisateurs, ou pour enregistrer, éditer ou partager des vidéos directement sur le réseau.

Twitter a aussi dit réfléchir à la création d'un fil d'actualité personnalisé et instantané pour ses nouveaux utilisateurs. Le réseau avait déjà annoncé récemment des tests pour rendre son service plus «pertinent» en y incluant des messages anciens ou publiés sur des comptes que l'utilisateur n'a pas demandé à suivre.

Cela le rapprocherait des pratiques de son grand rival Facebook, qui a beaucoup plus que lui la faveur des investisseurs. Mais certains ont critiqué ce qui ressemble à un reniement de la nature même de Twitter, qui a bâti tout son service sur l'information en temps réel.

Certains analystes jugeaient en outre incertaines jeudi les manières dont Twitter pourrait monétiser ses utilisateurs non enregistrés, de même que les effets des nouvelles fonctionnalités sur la croissance du nombre d'utilisateurs.

La perspective de la note de S&P est «stable», l'agence indiquant par là qu'elle n'entend pas modifier sa notation à moyen terme. Elle prévient toutefois qu'elle pourrait la baisser «si Twitter est incapable de dégager des liquidités excédentaires et s'il y a une décélération marquée de la croissance de ses revenus, voire une contraction».

Une diversification des sources de revenus grâce à l'expansion internationale et aux lancements de nouveaux produits, l'amélioration de la rentabilité du groupe ou des liquidités plus importantes que prévu auraient en revanche un effet positif sur sa note, indique l'agence.