Le constructeur Fiat Chrysler Automobiles (FCA), désormais entièrement intégré et coté à New York, va poursuivre sa mue avec la séparation et l'entrée en Bourse de sa prestigieuse marque de voitures de sport Ferrari, une annonce qui a enthousiasmé les marchés.

Signe que les temps changent rapidement pour le septième groupe automobile mondial, le conseil d'administration de FCA se réunissait mercredi pour la première fois à Londres, où il a à présent son siège fiscal, loin des racines historiques de Fiat à Turin, dans le nord de l'Italie.

Ses décisions étaient très attendues, notamment sur la manière dont le groupe entend financer l'ambitieux plan de développement sur cinq ans de quelque 48 milliards d'euros annoncé au printemps et prévoyant de vendre à terme 7 millions de voitures par an (contre 4,4 millions l'an dernier).

La stratégie retenue consistera à placer en bourse une partie de sa filiale de voitures de luxe Ferrari et à émettre une obligation convertible pouvant aller jusqu'à 2,5 milliards de dollars US (3,6 milliards de dollars), a expliqué FCA dans une série de communiqués.

Ces annonces ont fait sensation à la Bourse de Milan, où le titre du groupe est échangé en cotation secondaire: le titre de FCA et celui de son principal actionnaire, la holding Exor, se sont envolés de près de 20%. À 11 h 45 (heure de Montréal) ils grimpaient encore respectivement de 12,59% à 8,585 euros et de 6,58% à 31,24 euros.

Cotation en 2015

«Il est approprié que nous poursuivions deux voies séparées pour FCA et pour Ferrari dans l'optique du renforcement de notre plan 2014-2018», a expliqué l'administrateur délégué Sergio Marchionne.

Ferrari constituera à l'avenir une société séparée. FCA entend céder 10% de son capital via une offre publique et distribuer le reste à ses propres actionnaires.

Les titres Ferrari «seront cotés aux États-Unis et sur un autre marché européen», a indiqué FCA sans préciser lequel. L'opération devrait être mise en oeuvre en 2015.

«Aujourd'hui est une journée importante. Nous avons résolu une série de questions que nous traînions avec nous depuis des années», a souligné M. Marchionne, qui a pris il y a six semaines la présidence de Ferrari, en remplacement de Luca Cordero di Montezemolo, qui occupait le poste depuis plus de 20 ans.

Figure emblématique du secteur, M. de Montezemolo se serait opposé à l'idée d'une entrée en Bourse de Ferrari. Il était en outre fragilisé par les médiocres résultats de son écurie de Formule 1.

Interrogé sur la valeur supposée de Ferrari, M. Marchionne a renvoyé à l'estimation du marché, indiquant espérer être «agréablement surpris».

FCA a par ailleurs annoncé, comme largement anticipé dans la presse italienne, le lancement d'un emprunt obligataire convertible d'un montant d'un maximum de 2,5 milliards de dollars, toujours dans l'optique de financer le plan à moyen terme.

L'opération devrait être lancée d'ici la fin de l'année, bien que le calendrier final dépende des «conditions de marché» et des obligations légales, précise le groupe.

La holding Exor de la famille Agnelli-Elkann, qui détient 30,04% de FCA et environ 40% de ses droits de vote, a fait savoir qu'elle participerait à l'opération à hauteur de 852 millions.

FCA a dans le même temps dévoilé mercredi ses résultats trimestriels: le groupe a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 267 millions de dollars, quasi inchangé par rapport à 2013 (269 millions de dollars) mais inférieur aux attentes des analystes qui tablaient sur un bénéfice compris entre 313 et 426 millions de dollars.

Il a aussi confirmé ses prévisions pour l'ensemble de l'année, déclarant tabler sur un bénéfice net compris entre 853 et 1,1 milliard et sur un chiffre d'affaires supérieur ou égal à 132 milliards en 2014. Le bénéfice opérationnel est attendu entre 5 et 5,7 milliards de dollars et la dette se situerait entre 14 et 14,6 milliards d'euros.