Signe des inquiétudes des négociants sur les marchés financiers en raison de la multiplication des points chauds dans le monde, l'indice VIX, surnommé «l'indice de la peur», a connu jeudi sa plus forte hausse en un an.

La destruction, vraisemblablement par un tir de missile, de l'appareil de la Malaysia Airlines qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur a provoqué un bond de 32%, à 14,5 points, de l'indicateur du Chicago Board Options Exchange censé refléter la nervosité du marché américain.

Les places mondiales étaient déjà fragilisées par des craintes géopolitiques liées aux sanctions imposées la veille par Washington à la Russie, accusée de soutenir les séparatistes en Ukraine. L'indice Dow Jones de la Bourse de New York évolue d'ailleurs par coups de 100 points, à la hausse comme à la baisse, depuis deux semaines.

Le VIX n'avait pas enregistré une telle flambée depuis des mois. On saluait plutôt la félicité des marchés boursiers mondiaux, cet été. Le VIX australien avait même établi un bas historique de 9,3 points, mercredi, après avoir cassé son record en 7 ans, le 7 juillet. Le VIX canadien avait été plus bas encore, à 7,8 points, le 4 juillet, dans la quiétude du congé national américain.

Signe d'une correction

Mike Franklin, chef stratège à la firme Beaufort Securities de Londres, y voit le présage à une correction des cours boursiers: «Les récents mouvements de plus en plus erratiques des marchés et l'augmentation de la volatilité après une période de calme prolongée semblent refléter l'état d'esprit actuel des investisseurs étourdis par la détérioration du contexte géopolitique», écrit-il.

«Le message semble être une instabilité inhérente croissante sur les marchés. Toutefois, l'évaluation de la psychologie des investisseurs est complexe. En termes d'allocation d'actifs, il est difficile de voir où ira le produit de la vente d'actions quand le marché obligataire envisage une hausse des taux d'intérêt dans les prochains mois.»

Les négociants se sont toutefois pas mal calmés, hier, même si la situation géopolitique demeure extrêmement tendue, notamment en Ukraine. Le VIX américain a relâché 12%, à 12,1 points, tandis que l'indicateur basé sur le S&P/TSX 60 de la Bourse de Toronto a reculé de 16%, à 11,0.

Ces indicateurs demeurent par ailleurs à des niveaux bien moins inquiétants qu'à l'automne dernier lorsque nous étions dans la fourchette de 12 à 15 avec des pointes bien au-delà. L'importante correction appréhendée des cours à ce moment-là n'eut d'ailleurs même pas lieu. Le VIX avait déjà atteint près de 90 points lors de la crise des prêts à haut risque en 2008. En ce cas, la raclée boursière fut conséquente.