Quand le chemin de fer va, tout va. Traditionnellement très sensibles à l'économie environnante, les résultats des sociétés ferroviaires Canadien Pacifique (T.CP) et Canadien National (T.CN), divulgués hier, annoncent un bon trimestre financier au pays.

Premier à lever le voile sur les résultats des trois premiers mois de l'année, le Canadien Pacifique a affiché la meilleure performance hivernale de son histoire et confondu les analystes, malgré les conditions météorologiques très défavorables au transport sur rail.

Le bénéfice net de l'entreprise de Calgary a augmenté de 17% pour s'établir à 254 millions, ou 1,44$ par action, alors que les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice de 1,41$ par action. Les revenus sont demeurés stables à 1,5 milliard par rapport à la même période de l'exercice précédent, en dépit des ralentissements sur les voies causés par les tempêtes de neige et un froid extraordinaire.

Les actions du Canadien Pacifique ont bondi de 5,3% à la Bourse de Toronto, hier. Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, prévoyait un impact positif pour le titre du CP. La tendance haussière devrait se poursuivre en 2014 et au-delà, croit-il, à la faveur de changements positifs comme l'amélioration de la cote de crédit, le remboursement de la dette et la vente possible de certains éléments d'actif.

Benoit Poirier se dit enchanté par la confiance affichée par la direction du CP d'atteindre ses objectifs de rentabilité pour 2014 en transportant davantage de céréales et de charbon avec toujours moins de locomotives et de wagons. Le ratio d'exploitation (dépenses/recettes), une mesure-clé de l'efficacité des exploitants de chemin de fer, s'est établi à 72,0%, tandis que l'analyste de Desjardins visait 72,5%.

Hunter Harrison, qui a pris les commandes du CP en juin 2012 après avoir été tiré de sa retraite du Canadien National, se targue de faire taire les critiques qui assuraient qu'un changement de voie ne pouvait pas se produire aussi rapidement dans cette vieille entreprise.

Du côté du CN

Pour sa part, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada affiche un bénéfice net de 623 millions, soit l'équivalent de 75 cents par action, au terme du premier trimestre clos le 31 mars. Cela représente une hausse de 12% par rapport à la même période l'année dernière et 5 cents de plus par action qu'attendu par le consensus des analystes.

Les revenus du CN ont augmenté de 9% pour atteindre 2,7 milliards, à la faveur de nouveaux contrats obtenus et d'une augmentation des expéditions de grains et de pétrole brut. Le ratio d'exploitation s'est légèrement détérioré à 69,6%, ce qui demeure tout de même supérieur à la performance du CP.

Le premier transporteur ferroviaire canadien a annoncé ses résultats après la fermeture des marchés boursiers, hier après-midi. Une hausse est sur les rails à la réouverture des échanges ce matin pour le titre, qui a déjà ajouté près de 1% dans le sillage du CP et d'un marché boursier généralement haussier, hier.

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LA RECOMMANDATION

Les deux grandes locomotives canadiennes ont aussi fait leur chemin sur les marchés boursiers, où elles avoisinent leurs sommets historiques. L'action du CP, en hausse de 7% depuis le début de l'année, a presque quadruplé sa valeur en trois ans, jusqu'à toucher un sommet de 176,72$ pièce il y a 2 mois. Elle cotait hier à 172,62$. Celle du CN a plus que triplé depuis cinq ans. Elle vaut aujourd'hui 63,57$, non loin de son record du 13 mars dernier. La plupart des analystes s'en tiennent toujours à recommander de détenir en portefeuille ces deux titres dont les cours approchent les cibles sur 12 mois. À choisir, l'analyste Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, préférait encore récemment le CN pour son «exécution hors pair».